Des puces géantes, trois à quatre fois plus grosses que nos parasites modernes, mais incapables de sauter, sévissaient déjà voici 165 millions d'années et suçaient probablement le sang de petits dinosaures qui abondaient à l'époque, rapportent mercredi des paléontologues.

Neuf fossiles de ces puces, datant du Crétacé inférieur (environ 125 millions d'années) et du Jurassique moyen (environ 165 millions d'années), les plus anciennes identifiées à ce jour, ont été découverts dans les provinces chinoises de Mongolie Intérieure et du Liaoning.

Ces fossiles, qui appartiennent à trois espèces distinctes encore en attente de classement officiel, sont dépourvus d'ailes et sont «sensiblement plus grands» que les puces modernes (8 à 15 mm de long pour les mâles, 14 à 20 mm pour les femelles). Mais ils possèdent des «traits caractéristiques» de ces dernières, soulignent les auteurs de l'étude, publiée dans la revue britannique Nature.

«Leur caractéristique la plus impressionnante est leur siphon long et cranté» destiné à percer l'épiderme de leur proie et à sucer leur sang.

Autant d'éléments qui les rapprochent des siphonaptères («munis d'un siphon et dépourvus d'ailes» en latin) regroupant les quelque 2000 espèces de puces modernes.

Mais de quoi pouvaient donc se nourrir ces puces préhistoriques à l'aide de cet «appareil piqueur-suceur», qui pourrait être une forme évoluée du siphon qui servait à d'autres insectes préhistoriques à se nourrir de nectar?

«Il est possible que nos puces du Mésozoïque (...) aient été des parasites des premiers mammifères qui étaient diversifiés et abondants à l'époque», estiment les auteurs, notant que ces espèces sont bien représentées dans les fossiles du jurassique et du crétacé trouvés dans les mêmes régions chinoises.

«Mais ces premiers mammifères étaient de petits animaux», ce qui ne semble pas s'accorder avec la grande taille de ces puces «et la robustesse de leur appareil buccal», ajoutent-ils.

L'épaisseur, la taille et l'orientation des poils microscopiques couvrant les pattes des parasites ainsi que leurs griffes «sont des structures spécialisées» qui indiquent que ces puces «vivaient sur des hôtes couverts de fourrure ou de plumes, plutôt que sur des vertébrés à la peau nue ou écailleuse», explique l'étude, dirigée par l'entomologiste André Nel, du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.

Il est donc tout à fait possible que les puces préhistoriques se soient nourries du sang des petits dinosaures à plumes qui ont fait la réputation des gisements de fossiles où elles ont été découvertes, relèvent les chercheurs.

À moins que ces insectes aient parasité différents types d'animaux - contrairement aux puces modernes qui vivent quasi exclusivement sur leur hôte - et ne se soient «spécialisés» que bien plus tard au cours de leur évolution.