Deux «boîtes à outils» et les restes d'un atelier pour produire de la poudre fine riche en ocre, conservée dans deux coquillages, le tout datant de 100 000 ans, ont été découverts dans une caverne en Afrique du Sud, révèlent des travaux parus jeudi dans la revue Science.



Ces vestiges, découverts dans la caverne de Blombos à 300 km du Cap, «représentent une étape importante dans l'évolution des processus mentaux complexes de l'homme», explique le professeur Christopher Henshilwood de l'université de Witwatersrand à Johannesburg.

Ils montrent que «ces hommes avaient déjà, il y a 100 000 ans des connaissances élémentaires de chimie et la capacité de planifier à long terme», ajoute-t-il.

Les deux «boîtes à outils», contemporaines l'une de l'autre, ont été découvertes là où elles avaient été laissées à l'origine. Elles contenaient de l'ocre, des os, du charbon de bois, une meule de pierre et des pierres servant de marteau.

Ces découvertes prouvent que ces hommes avaient «la capacité conceptuelle pour trouver, combiner et stocker des substances qu'ils pouvaient peut-être utiliser pour améliorer leurs rites sociaux», précise ce chercheur.

Le mélange de poudre d'ocre, qui servait peut-être à décorer, peindre ou protéger la peau, était conservé dans deux coquillages d'ormeau.

«L'ocre pourrait avoir été utilisée pour des décorations à des fins symboliques sur la peau et des vêtements» durant cette période de l'âge de pierre, explique-t-il.

Le broyage et le raclage de l'ocre pour produire une poudre destinée à être utilisée comme pigment sont devenus une pratique courante en Afrique et au Moyen-Orient il y a un peu moins de 100 000 ans, précisent les chercheurs à l'origine de la découverte.

Le professeur Henshilwood et son équipe internationale de recherche, dont Yvan Coquinot du Centre de recherche et de restauration des musées de France, ont découvert ces vestiges en 2008. Leurs travaux paraissent dans la revue américaine Science datée du 14 octobre.

Selon ces scientifiques, le procédé pour obtenir cette poudre fine devait consister à frotter des morceaux d'ocres sur des dalles de quartzine.

Les copeaux d'ocre étaient tout d'abord écrasés avec des morceaux de quartz ou de quartzite et mélangés avec des os de mammifères chauffés et broyés, du charbon de bois et des éclats de pierre. Le tout était plongé dans un liquide, ensuite versé dans les coquillages d'ormeau et tourné délicatement avec probablement un os.

La datation de ces vestiges a été déterminée par stimulation optique, une méthode qui permet de mesurer le temps écoulé depuis la dernière exposition des minéraux au soleil.

Ces vestiges seront exposés à partir de vendredi au Musée Iziko du Cap, en Afrique du Sud.