L'australopithèque de Malapa grimpait aux arbres comme un singe, mais avait aussi de longs doigts agiles capables de fabriquer des outils, révèle une étude jeudi, alors que jusqu'à présent on pensait que c'était l'Homo habilis qui avait été le premier à en concevoir.



Cette découverte, rendue publique dans la revue américaine Science et à laquelle ont participé quelque 80 scientifiques du monde entier, découle de l'étude minutieuse des deux squelettes fossilisés d'hominidés retrouvés en Afrique du Sud en 2008 et datant de 1,9 million d'années.

Ces nouveaux australopithèques, une femme et un jeune garçon retrouvés dans la grotte de Malapa, avaient un très long pouce et des puissants doigts qu'ils auraient pu utiliser pour fabriquer des outils, et ce malgré le fait que leur cerveau était de la taille de celui d'un grand singe, indique l'étude.

Jusqu'à présent, les scientifiques pensaient, d'après une série d'os de la main retrouvés en Tanzanie et datant de 1,75 million d'années, que le premier hominidé à avoir su fabriquer des outils était l'Homo habilis.

Les os des mains des deux australopithèques de Malapa (appelés aussi australopithèques sediba) «révèlent un mélange surprenant de caractéristiques dont nous n'aurions pas imaginé l'existence dans une même main», assure Tracy Kivell de l'Institut allemand d'anthropologie évolutionniste Max Planck, à Leipzig.

«Il y a ce long pouce, et de manière surprenante ce pouce est encore plus long que celui que nous voyons chez l'homme moderne», ajoute Mme Kivell, coauteure de l'étude.

«Le poignet était aussi plus à même de supporter des poids élevés qu'il aurait pu avoir à soulever au moment de l'utilisation d'outils», et il avait de longs et fins doigts «capables de puissantes prises».

«Ce mélange de morphologies suggère que l'australopithèque de Malapa employait encore ses mains pour grimper aux arbres, mais avait aussi une dextérité nécessaire à la fabrication d'outils en pierre», souligne la chercheuse.

«Si ces ossements n'avaient pas été retrouvés collés les uns aux autres, l'équipe (de chercheurs) aurait pu dire qu'ils appartenaient à des espèces différentes», remarque Bernard Zipfel de l'université du Witwatersrand, en Afrique du Sud.

L'étude s'est aussi penchée sur d'autres parties du corps des australopithèques de Mapala, dont le cerveau --petit mais évolué--, le bassin --qui témoigne d'une position debout--, ainsi que les pieds et les anches, qui «combinent les caractéristiques des grands singes et celles de l'homme en un seul ensemble anatomique», affirme Lee Berger à la tête de l'équipe de chercheurs.

Ce professeur américain de l'université du Witwatersrand et son fils de 9 ans avaient découvert en 2008 le site de Malapa, au nord de Johannesbourg, dans lequel ont depuis été retrouvés plus de 220 ossements provenant d'au moins cinq individus, dont des bébés et des jeunes enfants.