Des vestiges néandertaliens mis au jour en Russie, près du cercle polaire, dateraient de 31 000 ans environ, soit plus de 6000 ans après la la date estimée de disparition de ce cousin de l'homme moderne, selon des travaux d'une équipe internationale publiés jeudi.

«Cette découverte remet en question l'hypothèse la plus souvent avancée selon laquelle l'homo sapiens aurait complètement remplacé les néandertaliens dans toute l'Europe il y a environ 37 000 ans», écrivent les auteurs de cette recherche parue dans la revue américaine Science datée du 13 mai.

Ces chercheurs, des Français, des Russes et des Norvégiens, ont découvert plus de 300 outils de pierre et des restes d'animaux dont des mammouths, des ours noirs et des rhinocéros laineux portant des traces de dépeçage, lors de différentes excavations sur le site de Byzovaïa, dans les contreforts de l'Oural sur la rive droite de la rivière Petchora.

Outre la datation au radiocarbone, ils ont recouru à la technique dite de luminescence optique stimulée qui permet de savoir quand des sédiments ont été exposés à la lumière pour la dernière fois.

Byzovaïa pourrait avoir été leur dernier refuge nordique avant leur extinction, supputent les auteurs de ces travaux.

Jusqu'alors, tous les vestiges néandertaliens identifiés se situaient au moins 1000 km plus au sud.

Mais les objet découverts à Byzovaïa, occupé apparemment en continu pendant 3000 ans, appartiennent bien à la culture moustérienne qui caractérise les néandertaliens, observent-ils.

Cette culture s'est développée au Paléolithique moyen (-300 000 à -37 000 ans) en Eurasie et se distingue par l'utilisation d'une gamme très diversifiée d'outils de pierre.

Les résultats de ces derniers travaux intriguent les chercheurs à plusieurs titres.

Ils montrent que la culture moustérienne aurait perduré plus longtemps qu'estimé ou bien que ses porteurs auraient pu aussi être des homo sapiens.

Si tel est le cas, les théories selon lesquelles l'extinction de l'Homme de Néandertal a résulté de l'archaïsme de sa culture seraient remises en question, notent les auteurs de ces travaux.

Cette découverte ouvre ainsi de nouvelles perspectives sur cette période charnière de l'histoire de l'humanité, selon eux.