Des chercheurs français ont découvert une nouvelle variété de moustique vecteur du paludisme qui pourrait compliquer la lutte contre cette maladie dévastatrice surtout chez les jeunes enfants africains, selon leurs travaux publiés jeudi aux États-Unis.



Ce moustique est génétiquement distinct des autres sous-groupes du moustique anophèle gambiae. La femelle de ce dernier transmet le plasmodium, parasite responsable du paludisme, explique Michelle Riehle de l'Institut Pasteur à Paris, principal auteur de cette découverte.

Ce nouveau type d'anophèle pourrait affecter la transmission et le contrôle du paludisme, car il est très sensible au parasite, craignent ces chercheurs dont la communication paraît dans la revue scientifique américaine Science datée du 4 février.

Les infectiologues ont collecté ce nouveau moustique à proximité de villages au Burkina Faso durant une période de quatre ans et déterminé que ce sous-type d'anophèle gambiae différait de tous les autres contenus dans la collection jusqu'à présent.

Selon ces chercheurs, ce sous-groupe d'anophèle n'a pas été découvert plus tôt, car quasiment tous les spécimens d'anophèle collectionnés pour la recherche dans le passé provenaient de l'intérieur des habitations où on peut facilement les attraper.

Les anophèles qui se cantonnent surtout à l'intérieur des logements affichent certains comportements et une susceptibilité particulière au parasite du paludisme qui les séparent des moustiques vivant surtout à l'extérieur.

Les scientifiques pensent aussi que la vaste majorité des transmissions du paludisme sont le fait de la variété des anophèles vivant à l'intérieur des habitations en Afrique.

Cependant, de précédentes campagnes visant à contrôler la transmission du parasite comme par exemple le projet Garki au Nigeria dans les années 70, ont échoué car des moustiques génétiquement distincts vivant à l'extérieur ont continué à transmettre le plasmodium malgré un recours abondant à des insecticides dans les habitations, rappellent ces chercheurs.

Michèle Riehle et ses collègues ont élevé des générations de ce sous type d'anophèle gambiae en laboratoire et découvert qu'il était beaucoup plus susceptible au plasmodium falciparum que jamais observé chez les espèces vivant à l'intérieur des maisons.

À la lumière de cette recherche, ces scientifiques pensent qu'il s'agit d'un nouveau sous-groupe de moustique anophèle qui pourrait être assez récent dans l'évolution.

Ils ont aussi dit que d'autres spécimens adultes devaient être capturés dans la nature pour poursuivre cette recherche.

Ces chercheurs ont également insisté pour un réexamen des mesures de contrôle des moustiques anophèles.

Selon les dernières statistiques de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) quelques progrès ont été faits dans la lutte contre cette maladie au cours des dix dernières années avec une baisse du nombre de décès à 781 000 dans le monde en 2009 contre quasiment un million en 2000.

Quelque 90% des décès consécutifs au paludisme se produisent en Afrique subsaharienne et touchent surtout de très jeunes enfants.

Seule la femelle du moustique anophèle transmet le plasmodium car elle doit se nourrir de sang pour produire ses oeufs. Elle absorbe le parasite en piquant un humain ou un animal infecté.