Des chercheurs canadiens ont découvert que la bile protège la levure du vieillissement et espèrent en tirer des traitements contre le diabète ou l'obésité chez les humains, selon une étude publiée cette semaine.

Les mammifères produisent de la bile qui contient de l'acide lithocholique (LCA) envoyé par le foie dans le tube digestif pour digérer les graisses.

Des scientifiques de l'université Concordia à Montréal ont étudié la réaction de la levure face à l'acide biliaire, afin d'identifier ce qu'ils appellent «la molécule de la longévité».

«Il est possible que la levure ait évolué de manière à détecter les acides biliaires en tant que molécules moyennement toxiques et qu'elle ait réagi par des changements visant à combattre le vieillissement», a expliqué le Pr Vladimir Titorenko, dans une étude publiée dans la revue «Aging».

En d'autres termes, l'acide biliaire soumet les cellules de la levure à de faibles doses de toxines qui provoquent une réaction de défense.

La nécrose due aux lipides, la fragmentation de l'ADN des cellules, l'oxydation, tous ces mécanismes qui entraînent la dégénérescence des cellules de la levure sont soit affaiblis, soit disparaissent.

«Nous savons déjà, grâce à des études antérieures (...) que les acides biliaires (...) s'accumulent dans le sérum (...) des souris âgées et jouent un rôle important dans l'amélioration des fonctions hépatiques et pancréatiques chez les rongeurs», a souligné le titulaire de la Chaire de recherche en génomique, biologie cellulaire et vieillissement.

En trouvant comment transformer cet acide en agent pharmaceutique, des affections comme l'obésité, le diabète et les maladies neurodégénératives, causées par une mauvaise assimilation des graisses, seraient traitables, supposent les scientifiques.

«Nous ne pouvons pas diminuer nos apports caloriques drastiquement, donc ce médicament permettrait aux personnes en surpoids et à celles qui vieillissent d'aider leur corps à assimiler la graisse», ce qui les protégerait peut-être de ces maladies dues à l'âge, a indiqué à l'AFP Simon Bourque, étudiant en doctorat dans l'équipe du Pr Titorenko.

En l'état actuel des recherches, cette «molécule de la longévité» ne fera cependant pas l'objet d'essais sur l'humain «avant plusieurs années», conclut-il.