Les lucioles mâles synchronisent leur luminescence de manière à ce que les femelles puissent mieux détecter leur message amoureux et choisir le partenaire idoine, selon une étude publiée jeudi.

Depuis des décennies les entomologistes se demandaient pourquoi certaines espèces de lucioles «clignotent» de manière synchronisée, avec de vastes groupes d'insectes volant la nuit et émettant à l'unisson des flashs de lumière rythmés et à répétition, éclairant parfois toute une forêt.

Les premières expériences conduites en laboratoire par des chercheurs américains ont levé le voile sur ce mystère en révélant que ce phénomène maintient la capacité des lucioles femelles à repérer les mâles.

Un grand nombre d'observations scientifiques ont été faites sur ce phénomène des flashs luminescents synchronisés des lucioles mais jusqu'à présent «personne n'avait testé en laboratoire l'hypothèse selon laquelle il s'agissait ou pas d'une fonction biologique», relève Andrew Moiseff, un entomologiste de l'Université du Connecticut (nord-est), principal auteur de cette étude parue dans la revue américaine Science datée du 9 juillet.

Les lucioles, qui sont une variété de coléoptères, produisent une bioluminescence afin de s'accoupler. Pour ce faire les mâles émettent des signaux luminescents selon une partition spécifique à leur espèce alors qu'ils volent à la recherche de femelles, précise le chercheur.

Ces signaux consistent en un ou plusieurs flashs suivis par une pause très caractéristique durant laquelle les lucioles femelles, perchées sur des feuilles ou des branches, produisent un seul flash lumineux en guise de réponse si elle repère un mâle jugé attrayant, poursuit-il.

Les expériences en laboratoire ont montré que les femelles répondaient dans plus de 80% des cas quand les flashs luminescents étaient émis à l'unisson ou presque. Mais quand ils n'étaient pas synchronisés, la réponse des femelles était de 10% ou moins.

«Quand de nombreux lucioles mâles émettent en même temps une grande densité de signaux luminescents, il est très difficile pour les femelles de reconnaître les caractéristiques des signaux luminescents émis par les mâles de leur espèce», observe Andrew Moiseff.

«Mais si les lucioles mâles synchronisent leurs flashs luminescents, ils peuvent maintenir la grande précision de leurs signaux en présence de nombreux autres mâles», poursuit-il.

Pour cette recherche ces entomologistes ont collecté des lucioles femelle de l'espèce des Photinus carolinus venant du parc national des «Smoky Mountains»dans le Tennessee (sud).

Dans le laboratoire, ils ont exposé ces lucioles femelles à des diodes électroluminescentes imitant la fréquence des émissions lumineuses des mâles à l'unisson et aussi de façon désordonnée.

«Les lucioles ont des têtes et des cerveaux minuscules mais sont capables de choses complexes et étonnantes», s'émerveille Andrew Moiseff qui s'intéresse particulièrement dans ses recherches au rôle joué par la physiologie animale pour déterminer l'évolution.