La femelle crapaud buffle peut augmenter fortement sa taille, en gonflant son corps avec de l'air, pour échapper à l'emprise de mâles qu'elle n'a pas choisis pour féconder ses oeufs, selon une étude publiée mercredi dans la revue scientifique britannique Biology Letters.

Chez différentes espèces, les mâles s'affrontent pour obtenir le droit de s'accoupler, alors que les femelles semblent rester passives. En fait, une observation plus attentive montre qu'elles peuvent encourager la compétition entre mâles ou utiliser d'autres moyens pour choisir celui offrant les meilleures potentialités génétiques, résume Biology Letters.

L'étude réalisée par Benjamin Phillips (Université de Sydney) et son équipe montre que les femelles crapaud buffle ou boeuf (Bufo marinus) utilisent une capacité défensive - gonfler son corps en cas d'attaque par un prédateur - pour échapper à un partenaire non choisi.

Les crapauds essaient d'attirer les femelles par leurs cris. Mais la femelle qui se dirige vers le mâle choisi, risque d'être interceptée par un autre mâle. Pour lui faire lâcher prise, la femelle augmente le volume de son corps. Il est alors plus facile pour un autre mâle de prendre la place de ce rival, expliquent les chercheurs.

«La capacité des femelles crapaud buffle à gonfler leur corps peut leur permettre de manipuler le résultat de la compétition entre mâles», soulignent Benjamin Philipps et ses collègues.

«Beaucoup de traits caractéristiques permettant à une femelle de repousser un prédateur peuvent aussi lui permettre de repousser des soupirants non désirés et faciliter ainsi le choix de partenaire», ajoutent-ils.

Jusqu'alors, l'aptitude des femelles à augmenter leur volume au moment de l'accouplement avait été interprétée comme un réflexe face aux mouvements du mâle qui enserre leur corps.

Pour vérifier leur thèse, les chercheurs ont placé un ballon dans la cavité thoracique de cadavres de femelles et l'ont gonflé pour mesurer la pression. Grâce à des hormones sexuelles, ils ont même poussé les crapauds à s'accoupler avec des femelles mortes pour mesurer la force avec laquelle ils s'agrippaient.

Des femelles privées chirurgicalement de leur capacité à gonfler n'ont pas été capables de se débarrasser du plus petit mâle.