Des chercheurs québécois sont parvenus à multiplier des cellules souches adultes du sang en laboratoire. Cette découverte ouvre la porte, dans un futur proche, aux greffes d'organes sans rejet.

«Nous avons identifié des protéines capables d'amorcer la division des cellules souches. Cela s'avère très prometteur pour les malades chez qui l'autogreffe ne fonctionne pas», précise Guy Sauvageau, chercheur à l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de l'Université de Montréal.

Ces cellules souches permettent de faciliter les traitements des personnes en attente d'une greffe de moelle osseuse. Le nombre de cellules souches à implanter - issues du sang - s'avère souvent insuffisant. En effet, il est très difficile de maintenir à l'extérieur de l'organisme un bon niveau de cellules souches lors de la culture avant de les réintroduire chez le patient.

C'est pourquoi près d'un patient sur huit (15 %) en attente de greffe de moelle osseuse n'a pas accès à l'autogreffe. Et de 30 % à 40 %, des patients ne peuvent bénéficier d'allogreffes - des greffes provenant d'autres personnes -, car le système immunitaire rejette les greffons.

L'équipe de recherche a isolé dix protéines au sein des cellules sanguines, ou hématopoïétiques. Ces protéines s'avéreraient capables d'amorcer la multiplication de cellules souches. Cette découverte d'importance mondiale vient d'être publiée dans la revue scientifique Cell.

Du sang à la demande

Avec cette découverte, l'équipe de recherche est ainsi parvenue à écrire les premières pages du manuel d'instruction de la fabrication des cellules souches sanguines. Ces cellules omnipotentes permettent de fabriquer tous les tissus sanguins dont on pourrait avoir besoin (globules rouges, plaquettes sanguines, etc.), et cela, à la demande!

«Il s'agit de la toute première section de ce programme génétique permettant aux cellules de se renouveler et de maintenir un niveau suffisant de cellules souches utiles», précise le chercheur.

Car les cellules souches adultes offriraient là un meilleur potentiel médical que les controversées cellules souches embryonnaires. «La médecine d'aujourd'hui se fait avec les cellules souches adultes. Elles ne présentent pas tous les problèmes éthiques et médicaux des cellules embryonnaires», tranche le chercheur. La prolifération des cellules embryonnaires provoque souvent des problèmes au sein des cellules. «Ces cancers tuent les souris en quelques semaines», précise-t-il.

Cette découverte constitue aussi le premier pas vers des technologies futuristes telle la production de sang à la demande ou Blood Farming. Ce que le sang, issu du cordon ombilical, contenant trop peu de cellules souches, ne permettait pas non plus.

Pour l'instant, cette multiplication de cellules souches sanguines n'a été réalisée que chez la souris. Un essai clinique est prévu prochainement dans un hôpital montréalais. «Cet essai sera la preuve formelle que ça fonctionne», avance avec prudence le chercheur.