Des scientifiques ont mis au jour sous un glacier de l'Antarctique des bactéries qui avaient survécu au moins 1,5 million d'années sans oxygène ni lumière, dans une eau salée glaciale, révèle une étude parue jeudi.

Cette découverte pourrait changer les perspectives de la recherche de la vie dans le système solaire, selon les auteurs de cette étude publiée dans la revue américaine Science datée du 17 avril.

Ces bactéries se sont développées en transformant en nutriments des composants de soufre et de fer abondant dans cette eau piégée sous le glacier Taylor à proximité du lac Bonney dans l'est de l'Antarctique, explique John Priscu, professeur de sciences environnementales à l'Université du Montana, coauteur des travaux.

L'existence d'un tel écosystème pourrait expliquer comment la vie pourrait s'être développée sur d'autres planètes comme Mars, sous une épaisse couche de glace, sans lumière et donc sans possibilité de photosynthèse, note John Priscu.

Cet écosystème «est une sorte de capsule du temps unique venue tout droit d'une autre période de la Terre», explique Jill Mikucki, scientifique du Dartmouth College (New Hampshire), principale auteur de ces travaux.

Selon elle, ce microcosme «peut être potentiellement l'équivalent de la géochimie et de la biochimie de la Terre il y a des millions d'années».

«Je ne connais aucun autre environnement comme celui-là sur notre planète», dit-elle.

«Les espèces de bactéries formant cet écosystème sont curieusement similaires aux micro-organismes contemporains marins mais aussi, sans surprise, très différents» dans leur métabolisme, ajoute Ann Pearson, professeur de science planétaire et de la terre à l'Université de Harvard (Massachusetts), coauteur de l'étude.

Ces similitudes suggèrent que les ancêtres de ces micro-organismes vivaient dans l'océan.

«L'une des grandes questions posées par cette découverte consiste à savoir comment la vie a pu subsister et se développer sous 400 mètres de glace dans l'obscurité et le froid permanents pendant aussi longtemps», souligne Jill Mikucki.

Les chercheurs ont analysé des échantillons prélevés dans les déversements de couleur rougeâtres provenant de la base du glacier où gît probablement le reste d'un ancien lac salé. La couleur provient de la forte teneur en fer de l'eau.

La taille exacte de cette marre piégée sous le glacier reste inconnue mais elle se situerait apparemment à environ quatre kilomètres de la bouche des déversements.

Cette recherche a été financée par la Fondation nationale américaine des Sciences et l'université de Harvard.