L'astronaute français Thomas Pesquet juge que le délai de seulement cinq ans que se donne SpaceX pour envoyer des « touristes » autour de la Lune n'est pas mission impossible, mais que tout dépendra des sommes allouées à cette ambition.

« Techniquement, c'est une question de moyens, car on obtient en général les résultats correspondant aux moyens que l'on se donne. On a réussi à aller sur la Lune dans les années 60-70 parce que cela représentait une partie importante du budget des États-Unis ; maintenant ce n'est plus du tout le cas pour un programme spatial », a-t-il déclaré mercredi soir à l'AFP en marge d'une conférence à Tokyo.

Loin de regarder SpaceX de haut, le spationaute français se réjouit au contraire de l'enthousiasme d'Elon Musk, PDG de l'entreprise américaine, qui a annoncé cette semaine l'identité du premier touriste « lunaire » pour un voyage prévu aux environs de 2023.

« Je trouve très bien qu'il y ait des volontés privées d'aller dans l'espace. On ne dit pas "nous, on est de vrais astronautes, de vrais professionnels, eux, non", il n'y a pas du tout ce genre de clivage. S'il y a des volontés privées, eh bien très bien, ça participe au même effort. Mais, effectivement, sur le plan technique, c'est souvent plus compliqué que prévu. »

« Il y a des choses faites par les entreprises privées, d'autres par les organismes publics ; l'important est que soient employées les technologies les plus adaptées », a de son côté souligné l'astronaute japonais Soichi Noguchi, qui participait à la même conférence.

Et, sur le plan humain, les conditions aussi sont draconiennes.

« Il faut être en forme pour aller dans l'espace, les agences sélectionnent les gens sur des critères médicaux. Les particuliers qui peuvent se payer un séjour dans l'espace avec des compagnies privées ne sont pas forcément jeunes et en très bonne santé », souligne M. Pesquet, qui rappelle que les robots ne posent pas ce type de problème et que l'on ne doit pas opposer par principe les vols habités ou non habités.

« L'exploration robotique in fine est faite par les hommes ; la seule différence, c'est qu'ils sont au sol. Mais, tout est géré par des humains », a-t-il insisté.

Et de justifier : « il est très difficile d'envoyer un homme dans l'espace, car il faut expédier avec lui une atmosphère, de la nourriture, etc. Il faut une grande préparation et il y a un risque de perdre une vie. C'est plus facile pour un robot. Tout ce qui sera faisable avec un robot sera fait par un robot », prédit M. Pesquet.