Les traces saisonnières d'écoulement observées à la surface de Mars pourraient être causées par de l'eau rendue bouillante par la faiblesse de la pression atmosphérique de la planète rouge, selon une étude publiée lundi dans la revue britannique Nature Geoscience.

Des scientifiques avaient émis l'hypothèse que les chenaux et les ravines observés sur des terrains fortement en pente à différents endroits de Mars pouvaient être formées par des coulées de saumure, une solution aqueuse saturée en sel qui ne peut se former sans la présence d'eau.

En septembre, la NASA avait annoncé avoir trouvé que de l'eau liquide coulait à certains moments à la surface de Mars.

L'eau bout à 100°C au bord de la mer. Mais plus on monte en altitude, plus l'atmosphère s'atténue, et plus l'eau se met à bouillir tôt: dès 60°C au sommet de l'Everest. Sur Mars, dont l'atmosphère est bien moins dense que sur Terre, l'eau entre même en ébullition dès 0°C.

Pendant l'été martien, quand la glace d'eau souterraine se met à fondre et apparaît à la surface, où la température moyenne atteint 20°C, elle se met donc aussitôt à bouillonner.

Une équipe de chercheurs français, anglais et américains menée par Marion Massé, chercheuse du CNRS à l'Université de Nantes, en France, a réalisé une série d'expériences dans un caisson simulant les conditions atmosphériques martiennes et à pression terrestre.

Ils ont placé un glaçon d'eau au sommet d'une pente inclinée à 30 degrés recouverte de sable. Dans les conditions terrestres, l'eau s'infiltre progressivement dans le sable sans modifier sa surface.

Mais sur Mars c'est différent. L'eau glacée rentre immédiatement en ébullition et le gaz libéré provoque l'éjection de grains de sable. Les grains s'accumulent en petits monticules pentus qui ensuite s'effondrent en créant de véritables avalanches de sable sec.

«Les phénomènes observés sur les pentes de sable dans ces expériences sont remarquablement similaires aux traces observées sur Mars», précise Wouter Marra, de la faculté d'Utrecht aux Pays-Bas, qui a commenté l'étude.

Pour les chercheurs, l'eau liquide même si, actuellement sur Mars, elle n'existe qu'en faible quantité en ébullition et seulement durant les heures les plus chaudes de l'été, joue un rôle non négligeable. Et l'instabilité de l'eau semble même accroître considérablement son impact sur la morphologie de surface.

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