Oubliez les scénarios à la Armageddon ou Deep Impact : le ciel ne vous tombera pas sur la tête, c'est la NASA qui y veille. L'agence a en effet annoncé la création d'un nouveau bureau de « défense planétaire » dont la mission est digne d'Hollywood : protéger la Terre des astéroïdes et comètes qui menaceraient de s'y abattre. Autopsie d'un système de défense qui veut empêcher les humains de finir comme les dinosaures.

Houston, ici Washington...

Vous savez que votre boulot est important quand votre carte professionnelle affiche le titre « officier de défense planétaire ». C'est maintenant le travail officiel de Lindley Johnson, qui dirige le nouveau « bureau de coordination de défense planétaire » de la NASA. Ce n'est pas d'hier que l'agence américaine se préoccupe des astéroïdes et comètes qui passent à toute vitesse près de la Terre. Mais elle a maintenant regroupé toutes ses activités en ce sens dans un bureau niché au coeur de la capitale américaine. La NASA veut collaborer avec l'armée américaine, l'Agence fédérale des situations d'urgence et d'autres organisations américaines et internationales afin de protéger la Terre des menaces venues du ciel.

« [La] NASA est engagée à jouer un rôle de direction dans les efforts nationaux et internationaux de détection des dangers d'impacts naturels, et à participer à la planification en cas de besoin de défendre la planète », a affirmé le nouveau protecteur en chef de la Terre dans un communiqué.

La menace

Les scientifiques ont déjà détecté plus de 13 500 objets de toutes tailles circulant à proximité de la Terre, et 1500 nouveaux s'ajoutent à la liste chaque année. Environ 90 % des objets détectés font plus de 1 km de longueur, mais la NASA veut maintenant raffiner ses outils pour identifier tous les objets qui font 140 m ou moins (c'est un peu plus gros qu'un terrain de soccer).

« Il n'existe pas de menace connue actuellement, mais la super boule de feu de Tcheliabinsk, en 2013, et l'approche récente de l' « astéroïde de l'Halloween » nous rappellent pourquoi nous devons rester vigilants et garder les yeux vers le ciel », a dit John Grunsfeld, un administrateur de la NASA.

La boule de feu de Tcheliabinsk est un météore qui s'est désintégré à une trentaine de kilomètres au-dessus de la Russie en 2013, créant une onde de choc qui a notamment fait tomber le toit d'une usine et blessé plus d'un millier de personnes. Personne ne l'avait vu venir.

Le jour de l'Halloween, l'an dernier, un astéroïde gros comme un stade est passé à 480 000 km de la Terre. Il ne représentait aucun danger, mais a tout de même fait prendre conscience des risques associés aux astéroïdes.

La détection

Pour détecter les objets susceptibles de nous tomber dessus, la NASA compte sur le réseau mondial de télescopes terrestres. NEOWISE, un télescope spatial infrarouge lancé par la NASA en 2009, balaie aussi le ciel à la recherche d'astéroïdes. Si un objet potentiellement dangereux est détecté, la NASA met ses ordinateurs à contribution pour calculer son orbite avec précision.

L'attaque

Que faire si on découvre un jour un objet céleste qui menace la Terre ? La NASA a quelques idées sur la planche à dessin. L'une d'elles consiste à envoyer un satellite se poser sur l'astéroïde pour y prélever un bloc de roc, puis utiliser le pouvoir de gravité de ce bloc pour faire dévier légèrement l'astéroïde de son orbite.

Une autre approche, plus brutale, est étudiée par la NASA en collaboration avec l'Agence spatiale européenne : envoyer un engin spatial se fracasser sur l'astéroïde à plus de 21 000 km/h dans l'espoir de le faire dévier de son chemin. Les deux agences ont même déterminé une cible pour tester leur méthode-choc : Didymos, un astéroïde qui frôlera la Terre en 2022. Ne reste qu'à espérer que l'arsenal soit prêt avant qu'un véritable danger survienne. Sinon, on pourra toujours passer un coup de fil à Bruce Willis et Ben Affleck.