Le robot scientifique InSight ne partira pas explorer Mars avant au moins deux ans car un de ses appareils fourni par l'agence spatiale française (CNES) ne sera pas opérationnel à temps pour le lancement prévu par la NASA en mars 2016.

«Nous ne sommes pas prêts pour la fenêtre de tir 2016», a déclaré mardi John Grunsfeld, administrateur adjoint de l'agence spatiale américaine, annonçant la suspension du programme.

En cause, un outil de mesure des mouvements sismiques sur lequel les scientifiques ont décelé un problème. Après des tests lundi, ils ont conclu que la machine n'était pas totalement hermétique et donc incapable de fonctionner dans les conditions extrêmes de la Planète rouge.

«C'est un coup dur», a reconnu le président du CNES, Jean-Yves Le Gall. «Cela montre que nous faisons un métier extrêmement difficile».

Le robot InSight a pour but d'étudier la structure interne de Mars pour, in fine, mieux comprendre la formation de la Terre, mais son voyage ne peut débuter que lorsque l'alignement des planètes est favorable.

En 2016, cela est le cas du 4 au 30 mars, a rappelé la NASA qui s'était fixé ce calendrier pour propulser le robot dans son périple de six mois vers la mystérieuse planète.

«La difficulté provient d'une sphère à l'intérieur de laquelle est placée l'expérience du CNES», a expliqué M. Le Gall à l'AFP.

«Cela fait trois mois que l'on travaille sur ce problème. On pensait qu'il était réglé. En fait il s'avère qu'il ne l'est pas. Manifestement il y a une microfuite qu'on n'arrive pas à identifier», a précisé M. Le Gall.

Coût du retard

Selon le directeur du Centre spatial de Toulouse, Marc Pircher, cité dans un communiqué de la NASA, «c'est la première fois qu'un instrument aussi sensible est construit (...). Nos équipes vont trouver une solution, mais (l'anomalie) ne sera pas résolue à temps pour un lancement en 2016».

«Nous ne pourrons pas être prêts pour un lancement en mars 2016. Le prochain créneau s'ouvre 26 mois plus tard, en mai-juin 2018», a affirmé M. Le Gall.

Les scientifiques s'accordent sur ce délai et «personne ne met en doute le fait que d'ici 26 mois nous aurons trouvé un moyen de résoudre le problème» de l'appareil mesurant la sismologie sur Mars, a déclaré John Grunsfeld lors d'une téléconférence.

La question est maintenant de chiffrer le coût du retard, alors qu'InSight, douzième mission du programme Discovery de la NASA, représente 675 millions de dollars, dont 525 millions ont déjà été dépensés.

«Nous devons décider de poursuivre ou non et cela dépendra des coûts», a affirmé M. Grunsfeld.

La NASA avait annoncé en août 2012 le projet InSight (Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport) destiné à étudier les entrailles de Mars. Le but est notamment de déterminer si le coeur de la Planète rouge est solide ou liquide et pourquoi sa surface n'est pas composée de plaques tectoniques mouvantes comme la Terre.

Le robot InSight, contrairement à Curiosity qui arpente Mars depuis août 2012 à la recherche d'éventuelles traces de vie passée, n'est pas mobile.

«Je me sens très mal pour nos partenaires français qui ont travaillé si dur pour» remplir l'objectif d'un lancement en 2016, a conclu M. Grunsfeld. «Mais au moins, nous ne sommes pas en chemin vers Mars et en train de découvrir une fuite.»

«Cela fait partie des risques du métier. Le côté positif, c'est que notre système a mis en évidence le problème alors qu'on était au sol», a renchéri M. Le Gall.