Après deux tentatives infructueuses, la sonde européenne Rosetta va réessayer à partir de vendredi de rentrer en contact avec le robot Philae endormi depuis six mois sur la comète «Tchouri», à 360 millions de kilomètres de la Terre.

«Une nouvelle campagne d'écoute va avoir lieu du 8 au 17 mai», a indiqué jeudi à l'AFP l'astrophysicien Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au Centre National d'Études spatiales (CNES) français à Paris.

Alors qu'une réplique grandeur nature du petit atterrisseur sera installée par le CNES à partir de dimanche sur la prestigieuse avenue des Champs-Elysées à Paris, le vrai Philae n'a pas encore réussi à sortir de sa léthargie en dépit de deux essais de Rosetta pour entrer en contact avec lui mi-mars et mi-avril.

«Nous ne pouvons pas prédire à 100% qu'il va se réveiller», reconnaît Francis Rocard.

Après avoir voyagé dix ans en compagnie de la sonde Rosetta et parcouru plus de 6 milliards de kilomètres, Philae a réussi une première historique en se posant le 12 novembre 2014 sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.

Mais l'atterrissage de ce robot-laboratoire, muni d'instruments pour étudier la comète, n'a pas été de tout repos. Après plusieurs rebonds, il s'est retrouvé entre des falaises dans un lieu très peu éclairé.

Le robot, équipé de panneaux solaires, est éteint depuis le 15 novembre faute d'un ensoleillement suffisant pour lui permettre de retrouver de l'énergie.

«Nous ne savons pas précisément où se trouve Philae. Nous pensons l'avoir localisé à une cinquantaine de mètres près», souligne M. Rocard.

«Comme on ne connaît pas précisément son environnement en terme de falaises et d'effets d'ombre sur les panneaux solaires, on a du mal à modéliser l'énergie qu'il reçoit» et donc la date possible de son réveil, explique-t-il.

Autre problème: Philae est équipé d'un interrupteur thermique qui ne se déclenche que lorsque la température intérieure du robot atteint -45 degrés Celsius. Tant qu'il est au-dessous de cette température, le robot ne peut pas se réveiller. Or à la mi-novembre, il faisait -165 degrés à l'extérieur autour de Philae.

C'était l'hiver et le robot ne recevait de la lumière que pendant une heure et demie par jour (la journée sur «Tchouri» durant 12 heures).

Bulletin de santé

Mais la comète se rapproche de plus en plus du Soleil et donc elle se réchauffe. «Tchouri» se trouve actuellement à 250 millions de kilomètres de l'astre et elle sera au plus proche (périhélie) de lui le 13 août.

«De plus, c'est le début du printemps sur la comète. Les jours s'allongent», souligne Philippe Gaudon, chef du projet Rosetta au CNES à Toulouse (sud de la France).

«On espère arriver à 2H00, 2H30 d'ensoleillement par jour» pour Philae, ajoute-t-il.

«Plus ça va et plus on a d'espoir que Philae se réveille». Mais les très froides températures de l'hiver ont «pu endommager l'électronique de commande», prévient-il.

Pour pouvoir entrer en contact avec la sonde et recevoir ses télécommandes, Philae a besoin de 12 watts au minimum. Et pour pouvoir répondre et envoyer des données, il lui faut 19 watts.

Si Philae répond, les équipes de l'Agence spatiale européenne (ESA) disposeront de «son bulletin de santé»: température des différents compartiments, tension, etc. Elles pourront alors lui commander des expériences scientifiques.

La mission Rosetta, qui a nécessité plus de vingt ans de travail, cherche à percer l'évolution du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive.

La sonde a été lancée en 2004. Au départ, il était prévu qu'elle accompagne la comète pendant 18 mois dans sa course vers le Soleil.

Mais la mission va très probablement être prolongée de neuf mois et s'étendre jusqu'en septembre 2016, a indiqué l'astrophysicienne Anny-Chantal Levasseur, qui participe à ce projet. L'annonce officielle de cette prolongation devrait être faite par l'ESA en juin.