Le noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko, qui est observée actuellement par la sonde européenne Rosetta, n'a pas de champ magnétique, ont découvert avec surprise une équipe de scientifiques.

C'est principalement grâce au petit robot Philae qui a été largué par la sonde le 12 novembre sur la comète que les chercheurs ont pu faire ces observations.

Les travaux des scientifiques ont été publiés mardi dans la revue américaine Science et présentés simultanément devant l'Union Européenne des Géosciences (EGU), réunie à Vienne (Autriche).

Ces résultats pourraient balayer une théorie clef sur la formation des comètes et d'autres corps du système solaire, a estimé le chercheur Hans-Ulrich Auster, co-auteur de l'étude.

«Si la comète 67P/Tchourioumov-Guérasimenko, est représentative de tous les noyaux cométaires, nous pensons qu'il est improbable que les forces magnétiques aient joué un rôle dans l'accumulation de corps rocheux de plus d'un mètre qui ont participé à la formation des planètes», a-t-il dit.

Paradoxalement, l'atterrissage mouvementé de Philae a servi la science. Le robot, qui pèse 100 kilos sur la Terre, mais est plus léger qu'une plume sur la comète, a rebondi plusieurs fois avant de se stabiliser entre des falaises, dans une zone très peu éclairée.

Ces rebonds ont permis de faire des mesures du champ magnétique à des endroits différents, en utilisant ROMAP, un magnétomètre installé sur le robot. La sonde Rosetta dispose elle aussi d'un magnétomètre.

«Nous sommes la seule équipe probablement à bénéficier de tels sauts. D'habitude, nous pouvons seulement mesurer le champ magnétique en un point. Mais avec tous ces rebonds, nous avons eu l'opportunité (...) de mesurer quatre points», a souligné Hans-Ulrich Auster.

Philae a eu le temps d'envoyer les données recueillies par ROMAP et d'autres instruments avant de s'assoupir sur la comète le 15 novembre.

Après analyse de ces données, «nous concluons que la comète 67P/Tchouriomov-Guérassimenko est un remarquable objet non magnétique», a dit M. Auster.

Pour le moment, faute d'ensoleillement, le robot muni de panneaux solaires n'est pas parvenu à recharger sa batterie.

Mais les scientifiques espèrent que lorsque la comète «Tchouri», qui est accompagnée de Rosetta, s'approchera davantage du Soleil, la batterie de Philae pourra se recharger et qu'il pourra se réveiller.