Après une pause de plusieurs mois suite à un fâcheux raté cet été, l'Europe reprend vendredi le déploiement de sa «constellation» de satellites Galileo, qui vise à offrir une alternative au GPS américain.

Une fusée russe Soyouz emportant deux nouveaux satellites Galileo, Sat-7 et Sat-8, doit être tirée depuis Kourou (Guyane française) à 21h46 GMT (17h46, heure de l'Est).

D'une durée de 3 heures 48, la mission du lanceur et de son étage supérieur Fregat consistera à placer les deux satellites sur une orbite circulaire à une altitude de 23 522 kilomètres. Ils descendront ensuite un peu pour se positionner sur leur orbite opérationnelle.

«Tout est prêt pour le lancement», a déclaré Didier Faivre, directeur du programme Galileo à l'Agence spatiale européenne (ESA), interrogé par l'AFP.

«La campagne de préparation s'est passée normalement. Nous n'avons rencontré aucun problème ni sur le lanceur ni sur les satellites», a souligné M. Faivre. Une dernière revue aura lieu jeudi.

Décidé au début des années 2000, Galileo est un programme de radionavigation par satellites, qui vise à rendre l'Europe indépendante du GPS (Global Positioning System) américain. Au fil des ans, il a accumulé les retards pour des raisons diverses et les coûts se sont alourdis.

Le 22 août il a subi un sérieux revers lorsque Fregat, le quatrième étage de la fusée Soyouz, a placé sur une mauvaise orbite deux satellites Sat-5 et Sat-6, fabriqués par la société allemande OHB. Au lieu d'être envoyés sur une orbite circulaire à plus de 22 000 km d'altitude, ils s'étaient retrouvés sur une orbite elliptique (ovale) très basse, vers 17 000 km.

La raison du problème a été identifiée par une commission d'enquête. Il a été provoqué par un gel du carburant lié à un «design imprécis» sur des tuyaux d'alimentation, selon Arianespace, société chargée d'organiser le lancement.

Horizon 2020

Des actions correctrices ont été menées par le fabricant russe de Fregat. Les procédures ont été précisées et les contrôles ont été renforcés au niveau de la production en Russie, mais aussi au Centre spatial guyanais, indique M. Faivre.

La Commission européenne, qui finance à 100% Galileo, a voulu se donner du temps. Elle n'a pas utilisé le créneau d'un lancement en décembre et a demandé l'analyse d'autres sources potentielles de panne.

Le 28 janvier, elle a fini par donner son feu vert à une reprise des lancements par Soyouz fin mars.

En parallèle, grâce à une série de manoeuvres, les équipes de l'ESA ont cherché à rendre les satellites Sat-5 et Sat-6 opérants pour la constellation Galileo.

Les ingénieurs sont parvenus à les remonter sur une orbite plus haute. Les satellites ne sont toujours pas sur une orbite circulaire, ce qui supposera «une petite adaptation» des stations au sol, précise M. Faivre. «Mais les usagers ne s'en apercevront pas», selon lui.

«Il reste encore des dernières investigations à faire, mais l'ESA est extrêmement confiante dans le fait que ces deux satellites pourront être utilisés pour la constellation», souligne-t-il.

Cela supposera «un investissement de quelques millions d'euros», contre un coût d'environ 150 millions d'euros si il fallait envoyer deux nouveaux satellites pour les remplacer, fait-il valoir.

La constellation Galileo comprendra à terme 30 satellites (dont plusieurs de rechange).

Quatre premiers satellites «test», réalisés par un consortium mené par Airbus Defence and Space (ex-Astrium), ont été lancés en 2011 et 2012.

La Commission européenne a ensuite acheté 22 satellites fabriqués par la PME OHB.

L'Europe espère que dès la fin 2016, Galileo aura 14 satellites en orbite et qu'il pourra rendre ses premiers services aux utilisateurs, en apportant un plus à ceux offerts par le GPS - les deux systèmes étant compatibles.

Objectif de la Commission européenne: que la constellation Galileo soit totalement opérationnelle en 2020.

Pour la période 2014-2020, l'Europe a prévu d'investir 7 milliards d'euros (7,6 milliards de dollars) dans ce programme.