La Russie décidera au printemps si elle prolonge l'exploitation de la Station spatiale internationale (ISS) au-delà de 2020, comme le souhaitent les Américains en dépit des tensions liées à la crise ukrainienne, a indiqué à l'AFP une source au sein de l'agence spatiale russe Roskosmos.

«Aucun choix ne sera fait avant l'adoption du prochain programme spatial fédéral. Au final, la décision reviendra au gouvernement», a détaillé cette source qui a réclamé l'anonymat, confirmant une information du journal économique Kommersant.

Selon le quotidien russe, la décision devait d'abord être prise en décembre, mais Roskosmos a été contraint de revoir son programme spatial sur la période 2016-2025, et attend désormais son approbation par le gouvernement russe.

«La Russie doit décider si elle continue de participer à l'ISS, si elle construit sa propre station ou si elle développe un programme lunaire», a expliqué à l'AFP Igor Marinine, rédacteur en chef de la revue spécialisée «Les nouvelles du monde spatial», pour qui les incertitudes sur le budget de Roskosmos, conséquence de la crise monétaire traversée par la Russie, expliquent le report au printemps de cette décision.

En janvier 2014, la NASA avait annoncé la prolongation de la durée de vie de l'ISS, un avant-poste et laboratoire orbital mis en orbite en 1998 qui a coûté au total cent milliards de dollars, de quatre ans, soit jusqu'en 2024.

Or, «l'ISS ne peut être fonctionnelle sans la Russie qui lui fournit son principal module, où sont situés les moteurs-fusées», a souligné Igor Marinine.

De même, les vaisseaux russes Soyouz sont, depuis l'arrêt des navettes spatiales américaines, le seul moyen d'acheminer et de rapatrier les équipages de l'ISS.

En mai, le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine, connu pour sa rhétorique anti-occidentale, avait indiqué que la Russie n'envisageait pas de prolonger l'exploitation de l'ISS après 2020, disant préférer «réorienter ces moyens financiers dans des projets spatiaux ayant plus d'avenir».

Seize pays participent à l'ISS, dont la Russie et les États-Unis, qui en financent la plus grande partie. Outre la Russie, l'Europe ne s'est pas non plus engagée à financer l'ISS après 2020.