«Et la coupe de cheveux de mes collègues, elle vous intéresse?», lance avec mordant à un journaliste l'interrogeant sur la façon dont elle va se coiffer à bord de la Station spatiale internationale, Elena Serova, la première femme russe à se rendre dans l'espace depuis 17 ans.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, cette brune de 38 ans, mère de famille, va monter à bord du vaisseau Soyouz TMA-14M en direction de l'ISS pour y effectuer une mission de près de six mois.

«Je vais être la première femme russe à me rendre dans l'ISS. Nous avons, avec l'équipage, une énorme responsabilité envers les gens qui nous ont formés et je veux leur dire: nous n'allons pas vous décevoir!», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse retransmise en ligne mercredi.

Mme Serova décollera depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan avec le cosmonaute russe Alexandre Samokoutiaev et l'Américain Barry Wilmore.

Ce vol intervient alors que la Russie a fêté en 2013 le 50e anniversaire du vol de la première femme dans l'espace, la Soviétique Valentina Terechkova, le 16 juin 1963.

Il avait été suivi par ceux de Svetlana Savitskaïa en 1982 et en 1984.

Mais les vols de la troisième, et dernière femme russe, dans l'espace, Elena Kondakova, remontent quant à eux à 1994-1995, lorsqu'elle avait effectué une première mission de 5 mois, puis à mai 1997 pour une mission de 10 jours à bord d'une navette américaine.

Le vol d'Elena Serova, membre de l'unité des cosmonautes professionnels, marque dès lors un véritable tournant, d'autant plus que le retour des femmes russes dans la conquête spatiale reste encore sujet à controverses en Russie.

«Lorsque Terechkova a volé, c'était en pleine compétition avec les États-Unis sur lequel d'entre nous allait envoyer le premier une femme dans l'espace», explique à l'AFP le rédacteur en chef de la revue Novosti Kosmonavtiki («Nouvelles de l'espace»), Igor Marinine.

Mais selon lui, une fois le défi remporté par les Soviétiques, les vols de femmes se sont raréfiés, car beaucoup au sein de l'industrie aérospatiale estimaient que l'«espace était un dur travail d'hommes».

«C'est mon travail»

Une vision qu'Elena Serova tente désormais de balayer.

«Mon vol c'est mon travail», explique-t-elle lors de la conférence de presse, peu après qu'une journaliste l'a interrogé sur la façon dont elle va gérer, «en tant que femme», la séparation avec sa famille et surtout avec sa fille.

«Ma fille a presque 17 ans. (...) Je ne vois aucun problème pour communiquer avec elle. (...) J'aurai beaucoup d'opportunités pour l'appeler et savoir comment elle va et la soutenir en cas de coup dur», dit-elle.

Née le 22 avril 1976, dans la région de Primorié, en Extrême-Orient russe, Mme Serova a terminé la faculté aérospatiale de l'Institut d'aviation de Moscou en 2001.

En 2003, elle a également obtenu un diplôme de l'Académie d'État de Moscou pour les constructions mécaniques dans la spécialité «Économie».

Elle a débuté sa formation de préparation aux vols spatiaux en 2007.

Dans une interview à l'AFP en mai 2013, elle avait confié qu'elle n'envisageait pas d'établir de nouveaux records dans l'espace, mais voulait «tout simplement faire son travail» durant sa mission à bord de l'ISS.

«Je me sens comme un élève qui se prépare à son examen principal. J'ai très peur de décevoir les gens qui ont fait tant d'effort pour préparer mon vol», avait confié la jeune femme.

«Si tout se passe bien (...), cela servira de signal pour que de plus en plus de femmes mettent à l'épreuve leurs forces dans l'espace», avait-elle conclu.