La NASA a annoncé mardi avoir choisi Boeing et SpaceX pour construire les deux premiers vaisseaux spatiaux privés capables de transporter des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS) et mettre fin à la dépendance vis à vis des Soyouz russes.

«Boeing et SpaceX ont tous deux soumis des systèmes -- le CST-100 et le Dragon V2 respectivement -- qui nous permettront de transporter des équipages vers l'ISS d'ici seulement quelques années», a déclaré le patron de la NASA, Charles Bolden lors d'une annonce à la presse au Centre spatial Kennedy, près de Cap Canaveral, en Floride.

Il s'agit d'un contrat de 6,8 milliards de dollars au total.

Boeing s'est vu attribuer la plus grande part avec 4,2 milliards de dollars, tandis que 2,6 milliards reviennent à SpaceX.

«Aujourd'hui nous avons fait un pas de géant qui nous rapproche de la possibilité de lancer nos astronautes depuis les États-Unis dans un vaisseau spatial américain», a lancé M. Bolden, lui-même ancien astronaute.

«Le partenariat de Boeing et de SpaceX promet de donner l'occasion à plus de personnes de connaître l'excitation des vols spatiaux», a-t-il aussi promis.

En outre, «confier le transport en orbite terrestre basse à l'industrie privée permet à la NASA de se concentrer davantage sur un ambitieux voyage vers Mars», a insisté le responsable de l'agence spatiale américaine.

Les premiers vols de ces vaisseaux privés devraient avoir lieu en 2017.

Le contrat couvre au total six missions habitées vers l'ISS pour chacune des deux compagnies.

Le choix de retenir deux sociétés pour construire deux vaisseaux s'explique par le désir de la NASA de maintenir une concurrence qui selon l'agence est la meilleure façon de construire le système de transport spatial le plus sûr et le moins cher.

La NASA a déjà dépensé 1,5 milliard de dollars depuis 2010, dont 800 millions cette année pour concevoir et développer des vaisseaux spatiaux privés pouvant transporter des astronautes vers l'ISS, avec une première sélection en 2012 de Boeing, SpaceX, et d'un troisième concurrent, Sierra Nevada.

«Une étape importante» 

Depuis le dernier vol de la navette spatiale en juillet 2011, la NASA dépend exclusivement des vaisseaux russes Soyouz pour transporter ses astronautes vers l'ISS, au coût de 70 millions de dollars le siège.

Mais cette situation est devenue très délicate à gérer avec la forte détérioration des relations entre Washington et Moscou en raison de la crise ukrainienne.

Boeing, fort d'une longue expérience dans le secteur spatial et maître d'oeuvre de l'ISS, a promis de construire sa capsule, le CST-100, d'une capacité de sept places, dans les anciens locaux modernisés du Centre Spatial Kennedy, où étaient assemblées les navettes spatiales. Cette activité devrait créer 550 emplois, pour la plupart locaux.

Le CST-100 sera lancé avec sa fusée Atlas V, qui a déjà effectué près de 50 lancements, depuis la base aérienne de Cap Canaveral.

Quant à SpaceX, sa capsule Dragon V2, également sept places, dérivé de la capsule Dragon qui a déjà effectué cinq vols parfaitement réussis vers l'ISS pour livrer du fret et ramener des charges sur Terre, sera lancé par sa fusée Falcon 9. Ce lanceur a déjà effectué onze vols.

Contrairement à Boeing, SpaceX créerait peu d'emplois au Centre Kennedy, d'où la firme lancera néanmoins Dragon V2. SpaceX loue à la NASA le pas de tir historique 39A, d'où sont parties les missions historique Apollo vers la Lune.

Sierra Nevada, dont le projet n'a pas été retenu, proposait une mini-navette de cinq place appelée «Dream Chaser» capable de revenir se poser comme en avion.

Le choix de la NASA a été salué par plusieurs membres du Congrès.

«Je félicite la NASA et attends avec impatience le moment où les États-Unis lanceront de nouveau des astronautes américains avec des fusées américaines depuis le sol américain», a déclaré le représentant républicain Lamar Smith, président de la Commission de la Science et de l'Espace de la Chambre, ajoutant que «payer les Russes 70 millions par astronautes pour accéder à l'ISS» devait «cesser le plus vite possible».

Pour le sénateur Marco Rubio, républicain de Floride, cette annonce marque une étape importante dans le programme spatial de notre nation».