Une observation récente de la voute céleste par la Nasa a probablement mis fin au mythe de la «planète X» dans le système solaire, dont l'existence hypothétique avait été avancée depuis deux siècles pour expliquer certaines anomalies astronomiques.

Cette recherche n'a pas non plus permis de trouver une étoile soeur du soleil, baptisée Némésis, qui aurait été située près du système solaire. Selon certaines hypothèses, Némésis aurait pu modifier épisodiquement la trajectoire de comètes et d'astéroïdes.

«Il n'y a probablement pas de grande planète gazeuse ou de petite étoile compagne du soleil dans la partie éloignée du système solaire», conclut Kevin Luhman, astronome à l'Université de Pennsylvanie qui a dirigé cette observation effectuée avec le télescope spatial WISE et dont les résultats paraissent dans la dernière édition de l'Astrophysical Journal.

L'analyse des données recueillies par WISE (Wide-Field Infrared Survey Explorer) dans l'ensemble du ciel n'a détecté aucun objet plus gros que Jupiter, la plus grande planète du système solaire, jusqu'à 3.887 milliards de kilomètres du soleil, une zone où aurait pu se dissimuler la planète X.

Selon diverses théories, cette planète aurait une masse allant jusqu'à quatre fois celle de Jupiter et résiderait dans une partie éloignée du système solaire, à environ 1485 milliards de kilomètres du soleil, soit dix mille fois la distance de la Terre au soleil (149,5 millions de km), explique l'astronome.

L'origine de la planète X remonte à 1781 avec la découverte d'Uranus, qui pendant plus d'un demi-siècle a étonné les astronomes en raison des variations de la vitesse de son orbite qui leur paraissaient incompatibles avec la loi de la gravitation de Newton.

Les observateurs avaient alors conclu que ces irrégularités pourraient s'expliquer si une autre planète inconnue exerçait une force gravitationnelle sur elle.

La traque de cette mystérieuse planète X, basée sur leurs calculs, a conduit à la découverte en 1846 de Neptune. Mais la masse estimée de cette dernière ne pouvait expliquer la déviation de la trajectoire d'Uranus. Cela a conduit les astronomes à continuer à chercher cette planète X. À la place, ils ont ensuite découvert Pluton en 1930.

Mais cette planète naine ne pouvait pas non plus provoquer les irrégularités orbitales d'Uranus.

Rien de concluant

Finalement, dans les années 1990, des chercheurs ont conclu que les irrégularités constatées dans l'orbite d'Uranus provenaient d'une légère surestimation de la masse de Neptune.

Cela n'a pas pour autant mis un point final au mythe de la planète X dans cette région du système solaire où se trouvent beaucoup de débris comme des astéroïdes et des comètes.

Ainsi selon Kevin Luhman, «il n'est pas exclu» qu'une planète plus petite se cache encore dans cette zone si elle se situe dans l'axe d'une étoile brillante qui aveugle le télescope. Cependant «il n'y a qu'une chance sur cent» pour que ce soit le cas, juge le scientifique.

Concernant Némésis, des astronomes ont avancé la possibilité de l'existence de cette étoile dans les années 1980. Celle-ci, en se rapprochant occasionnellement du soleil, modifierait l'orbite de comètes et d'astéroïdes qui viendraient de ce fait heurter la Terre de temps à autre.

Ces collisions auraient notamment contribué selon eux aux cinq grandes extinctions depuis 540 millions d'années, la dernière étant celle des dinosaures il y a 65 millions d'années.

«Ainsi au cours des années, différentes observations avaient suggéré qu'il pourrait y avoir quelque chose dans cette région du système solaire», a expliqué à l'AFP Kevin Luhman, mais le télescope WISE n'a rien trouvé de concluant.

Si cette dernière traque pour débusquer la planète X et l'étoile Némésis a enterré ces théories, elle a dans le même temps permis de découvrir 3525 étoiles et naines brunes (objet dont la masse les situe entre une étoile et une planète géante) à moins de 500 années-lumière du soleil (une année-lumière équivaut à 9.461 milliards de km).

«Des systèmes stellaires qui se cachaient juste devant nos yeux dans le proche voisinage du système solaire ont littéralement jailli dans les données recueillies par WISE», s'est réjoui Ned Wright, un astronome de l'Université de Californie à Los Angeles qui a conduit cette analyse.