Des astronomes ont eu pour la première fois un aperçu du gigantesque réseau de filaments qui relient les galaxies entre elles, grâce à l'effet de «flash» d'un gigantesque quasar, l'un des objets les plus lumineux de l'Univers.

Selon le modèle standard expliquant la formation de l'Univers, les galaxies ne sont pas réparties au hasard, mais elles s'inscrivent au sein d'un réseau de matière, une «toile cosmique», avec des amas de galaxies très denses et d'autres régions presque vides.

D'après leurs simulations informatiques de la structure de l'Univers à grande échelle, les physiciens estiment que ces amas sont reliés entre eux par des sortes de «filaments galactiques» composés de gaz diffus.

Mais jamais jusqu'à présent ils n'étaient parvenus à visualiser réellement ces filaments, juste à les reproduire à l'aide d'images de synthèse.

Dans une étude publiée dimanche par la revue Nature, des chercheurs rapportent avoir détecté pour la première fois un petit bout de ce réseau intergalactique grâce à l'intense lumière dégagée par un quasar (pour «source de rayonnement quasi stellaire»).

«Ce quasar illumine des gaz diffus sur une échelle qui dépasse largement tout ce qu'on a vu jusqu'alors, et nous donne la première image du gaz qui s'étend entre différentes galaxies. C'est un aperçu formidable sur la structure générale de notre Univers», résume l'un des auteurs de l'étude, Xavier Prochaska, qui enseigne l'astrophysique à l'université américaine de Santa Cruz.

L'énergie dégagée par ce lointain quasar, «UM287», est telle qu'elle rend fluorescent l'hydrogène contenu dans ces filaments, comme le puissant flash d'un appareil photo qui illuminerait un nuage de vapeur autrement invisible.

Grâce à ce projecteur éclairant le fin fond de l'espace, les astronomes ont ainsi pu détecter une gigantesque nébuleuse (nuage interstellaire composé de gaz et de poussières) de gaz d'environ deux millions d'années-lumière de diamètre.

Cette nébuleuse «est un objet tout à fait exceptionnel: il est énorme, au moins deux fois plus grand que n'importe quelle nébuleuse connue jusqu'à maintenant, et il s'étend bien au-delà de l'environnement du quasar», souligne Sebastiano Cantalupo, qui a dirigé l'étude.

«Nous avons étudié d'autres quasars de cette façon sans avoir détecté ce gaz. La lumière du quasar est comme le rayon d'une torche, et en l'occurrence nous avons eu la chance que la torche soit braquée sur la nébuleuse et fasse briller le gaz» d'un bout du filament galactique, explique M. Cantalupo.

Une partie de ce gaz va être absorbée par des galaxies, mais la majorité va rester «diffuse» et ne formera jamais d'étoile, selon lui.