La sonde américaine Curiosity a atterri dans un ancien lac, révèlent six nouvelles études. Pour la première fois, on a pu calculer le pH et la salinité d'un plan d'eau martien. Le verdict: neutre et peu salé, ce qui est propice à la vie. Voici les principales découvertes.

De l'eau douce

Peu après l'atterrissage de Curiosity sur la planète rouge, en août 2012, les chercheurs de la mission ont repéré des crevasses témoignant probablement de la présence de ruisseaux et de rivières. Dans les études dévoilées aujourd'hui dans Science, ils précisent que ces cours d'eau se jetaient dans un plan d'eau ressemblant à un lac. Un lac au pH neutre et à faible salinité, qui aurait pu abriter la vie, selon Richard Léveillé, qui a participé à la mission Curiosity pour l'Agence spatiale canadienne et travaille maintenant à l'Université McGill. «On a pu analyser le pH et la salinité grâce aux échantillons obtenus par le forage, explique M. Léveillé. On n'avait pas fait de forages pour les cours d'eau l'an dernier. C'est une première: la mission Spirit avait aussi détecté la présence d'un plan d'eau, mais elle était de source thermale, et donc très chaude et acide. Elle avait provoqué des changements chimiques sur les roches. Ce n'était pas très propice à la vie.»

Peut-être des bactéries

Du soufre et du fer sous diverses formes ont été identifiés par les capteurs de Curiosity. Plus précisément, ces deux éléments chimiques étaient soit oxydés (avec moins d'électrons), soit réduits (avec plus d'électrons). Or, certaines bactéries se nourrissent de fer et de soufre en les oxydant ou en les réduisant. «Ça ne veut pas nécessairement dire que ce sont des bactéries qui ont fait l'oxydation ou la réduction, dit Richard Léveillé. Mais ça veut dire qu'il y a plusieurs processus chimiques en cours. L'un de ces processus impliquait peut-être la vie sous forme bactérienne.» Du carbone organiquenique

Du carbone organique a été détecté. «Encore une fois, ça ne veut pas nécessairement dire que Mars a abrité la vie, prévient Richard Léveillé, de l'Université McGill. Le carbone organique peut avoir été formé par un processus chimique ou avoir été amené sur Mars par des météorites. Mais on se rend de plus en plus compte qu'il y avait beaucoup de carbone organique sur Mars. Au fur et à mesure que la quantité détectée augmente, la probabilité qu'une partie ait été produite par un être vivant augmente aussi.» Le carbone organique, notamment sous forme de méthane, est détecté sur Mars depuis l'époque des sondes Viking, dans les années 70.

Une date pour les roches

Grâce à la multitude d'instruments de Curiosity, une équipe a réussi à faire la datation des roches du site d'atterrissage de la sonde. Elles se sont formées il y a 4,1 milliards d'années, peu après la naissance de la planète. «C'est une méthode qui sera extrêmement précieuse à l'avenir», explique Richard Léveillé.

Une poussière toxique

Les nouvelles provenant de Curiosity ne sont pas toutes bonnes. Les chercheurs ont détecté dans la poussière martienne une molécule qui serait fort probablement du perchlorate, un produit très toxique. «Si la poussière arrivait à pénétrer dans une éventuelle base martienne, ça pourrait être très dangereux pour les astronautes», ont indiqué les auteurs des études de Science, hier en conférence de presse durant la réunion annuelle de l'Union géologique américaine, en Californie.