L'Inde a envoyé mardi dans l'espace une fusée avec à son bord une sonde destinée à voyager vers la planète Mars, ce pays espérant ainsi devenir la première nation asiatique à approcher la planète rouge, avec une technologie à bas coûts.

«Elle a décollé», a annoncé un commentateur sur la télévision publique, au moment où la fusée rouge et noire s'arrachait du sol à 05h08 (à Montréal), depuis la base spatiale de Sriharikota, dans le golfe du Bengale (sud).

Le lanceur de 350 tonnes emporte une sonde de 1,3 tonne qui mettra près d'un an pour atteindre Mars, située à plus de 200 millions de km de la Terre. La sonde tournait en orbite autour de la Terre moins d'une heure après le décollage, a indiqué l'agence spatiale indienne.

Sa trajectoire était suivie mardi par des dizaines de scientifiques dans la salle de contrôle, témoins d'un des plus grands projets spatiaux indiens depuis le début du programme en 1963.

L'Inde ambitionne d'écrire l'histoire de l'exploration interplanétaire en devenant le premier pays d'Asie à atteindre Mars.

La mission a été annoncée il y a 15 mois par le premier ministre Manmohan Singh peu après l'échec d'une mission chinoise, la sonde russe emportant le satellite chinois Yinghuo-1 n'ayant jamais pris sa trajectoire vers Mars.

Conçue et produite en un temps record, et avec un budget réduit, la sonde indienne est munie de capteurs destinés à mesurer la présence de méthane dans l'atmosphère de Mars qui accréditerait l'hypothèse d'une forme de vie primitive sur cette planète.

Le robot Curiosity de la NASA, arrivé sur mars en 2012, n'a cependant pas détecté de méthane -un gaz qui est souvent le signe d'activités biologiques-, selon une étude publiée en septembre.

Un succès de la sonde serait un motif de grande fierté pour ce pays de 1,2 milliard d'habitants dont une mission en 2008 a permis de révéler la présence d'eau sur la Lune.

Il affermirait en outre la réputation industrielle et technologique de l'Inde qui produit la voiture la moins chère du monde et s'impose comme le leader mondial de l'innovation low cost.

La mission martienne, démarrée en 2012, n'a en effet coûté que 4,5 milliards de roupies (77 millions $), conçue selon le «jugaad», un principe typiquement indien que l'on pourrait rapprocher du «système D» et qui consiste à trouver la solution la moins onéreuse possible.

La fusée qui a lancé la sonde Mars Orbiter, de couleur dorée et de la taille d'une petite voiture, est trop peu puissante pour la mission. Les ingénieurs de l'Indian Space Resarch Organisation (ISRO) ont eu l'idée de la faire tourner autour de la Terre pendant un mois pour lui faire prendre assez de vitesse pour échapper à la gravité terrestre.

«Ne la sous-estimez pas parce que c'est une mission bon marché et pionnière», prévenait récemment le journaliste scientifique indien Pallava Bagla. «Il y a du jugaad, il y a de l'innovation et tout le monde cherche aujourd'hui à réaliser des missions à bas coûts».

Plusieurs pays ont déjà lancé des missions spatiales vers Mars, notamment les États-Unis, la Russie, le Japon et la Chine, mais beaucoup, dont le Japon et la Chine, ont échoué.

L'Inde a elle aussi essuyé plusieurs échecs dans le domaine spatial, dont l'explosion au décollage d'un lanceur en 2010 et la perte de contact avec la sonde Chandrayaan en 2009.

La NASA lancera de son côté le 18 novembre une sonde, Maven, dans la haute couche atmosphérique de la planète Mars afin de mieux comprendre les raisons de la disparition de la plus grande partie de son atmosphère. Le budget consacré à Maven est six fois supérieur à celui de Mars Orbiter.

«Nous ne pensions pas qu'ils (l'Inde) seraient capables d'envoyer (la sonde) si rapidement», a déclaré à l'AFP Joe Grebowsky, scientifique américain qui travaille sur le projet Maven. «S'ils réussissent, c'est formidable».

Le robot Curiosity de la NASA, sorte de petit 4X4 doté de dix instruments, avait pu établir pour la première fois que Mars fût propice à la vie microbienne dans son lointain passé, tout en mettant à mal la probabilité de la présence actuelle de vie.