Lancé en 2009 pour cartographier les variations de la gravité terrestre, le satellite GOCE a épuisé lundi ses réserves de carburant et fera sa rentrée atmosphérique d'ici trois semaines, a annoncé l'Agence spatiale européenne (ESA).

«Nous pensons que cela prendra pas moins de deux semaines et pas plus de trois», a déclaré à l'AFP le responsable de la mission GOCE, Rune Floberghagen.

Attendue depuis plusieurs semaines, la panne sèche est survenue vers 03h20 GMT lundi, a-t-il précisé. L'ESA a déclaré la «fin de la mission» dans un communiqué.

La plus grande partie du satellite, long de 5,3 mètres et pesant plus d'une tonne, se désintégrera lors de sa rentrée dans l'atmosphère, selon l'ESA, mais il est probable que des débris «de petite taille» atteindront la surface de la Terre.

«On ne peut pas encore prédire à quel moment ni à quel endroit ils pourraient retomber», a ajouté l'ESA, car le satellite ne sera alors plus contrôlé par ses opérateurs. La zone qui pourrait être touchée sera cependant connue un peu plus précisément à mesure que le moment de la rentrée approchera.

Une campagne internationale mobilisant le Comité de coordination inter-agence sur les débris spatiaux (IADC) assurera la surveillance de la retombée sur Terre.

Depuis mars 2009, GOCE (Mission d'étude de la gravité et de la circulation océanique en régime stable) évolue sur une orbite terrestre «à une altitude exceptionnellement faible pour un satellite de recherche».

Son «gradiomètre», l'instrument qui mesure la gravité en 3D, a permis d'établir une cartographie des variations de la gravité terrestre «avec une précision inégalée», a souligné l'ESA.

Les scientifiques ont également exploité les données de GOCE pour établir la première carte mondiale à haute résolution de la frontière entre la croûte terrestre et le manteau, que l'on appelle le «moho».

GOCE est aussi devenu «le premier sismomètre en orbite» lorsqu'il a détecté des ondes sonores produites par le puissant tremblement de terre qui a frappé le Japon le 11 mars 2011.

Sa mission était initialement prévue pour durer 20 mois, mais l'ESA avait décidé de la prolonger jusqu'à fin 2012, la consommation d'ergol ayant été nettement moins importante que prévu.

En août 2012, l'équipe chargée du contrôle du satellite a abaissé son orbite, en le faisant passer d'une altitude d'environ 255 km à 224 km. Cette «deuxième mission GOCE» a encore «accru la précision et la résolution des mesures».

Sans être tout à fait nul, le risque que présente la chute de GOCE pour les Terriens est considéré comme «très faible» par les experts.

«Le risque d'être touché par un débris d'engin spatial est 65.000 fois plus faible que celui d'être touché par la foudre», avait affirmé vendredi à l'AFP Christoph Steiger, chef des opérations de GOCE.

L'événement n'est pas non plus exceptionnel. «Des objets de la masse de GOCE, il en retombe un par semaine en moyenne», vieux satellites ou étages de lanceurs, avait précisé Fernand Alby, responsable des activités débris spatiaux et surveillance de l'espace de l'agence spatiale française (Cnes).

GOCE a été construit avant l'entrée en vigueur, en 2008, d'un accord international contraignant les satellites scientifiques à se doter d'un système de propulsion qui permet de les faire tomber en mer, loin des zones habitées, à l'issue de leur mission.