Le nouveau PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, plaide en faveur d'une «adaptation» limitée de la fusée Ariane dès 2015, pour répondre à l'évolution du marché des satellites, et d'une accélération du rythme des lancements depuis la Guyane.

«Ce sont vraiment mes deux priorités», a déclaré mardi M. Israël dans un entretien à l'AFP, à la veille du lancement par une fusée Ariane 5 de l'ATV Albert Einstein, le 4e cargo automatique européen à destination de la Station spatiale internationale (ISS).

Stéphane Israël, 42 ans, a remplacé Jean-Yves Le Gall à la tête d'Arianespace en avril dernier.

«Je milite pour une adaptation très rapide d'Ariane, que l'on peut appeler Ariane 5 ECA Adaptation, et qui serait disponible dans moins de deux ans», a-t-il déclaré. L'objectif est «d'accroître le volume sous la coiffe» du lanceur, pour faire face notamment à l'arrivée de satellites à propulsion électrique.

«D'après notre analyse, les satellites vont être plus volumineux et on a donc besoin de gagner un peu de volume sous la coiffe», a-t-il expliqué.

Selon le PDG d'Arianespace, cette adaptation aurait «un coût très limité, de l'ordre de quelques dizaines de millions d'euros», mais permettrait «de répondre de façon très rapide à l'évolution du marché des satellites». Côté français, «elle pourrait être financée par les Investissements d'Avenir», a-t-il ajouté.

Cette adaptation d'Ariane «ne préjuge absolument pas de ce qui a été décidé à la réunion ministérielle» de l'Agence spatiale européenne (ESA), en novembre dernier à Naples, a-t-il encore souligné. Le Conseil de  l'ESA a acté des «évolutions radicales», a rappelé M. Israël : le développement d'une nouvelle génération de lanceurs, Ariane 6, et une étape de transition avec une version améliorée d'Ariane 5, Ariane 5 ME.

«On a évidemment besoin d'aller vers Ariane 6», a affirmé M. Israël, soulignant qu'avec Ariane 5 ECA Adaptation, «on n'est pas du tout dans le même ordre de grandeur».

Second chantier auquel le PDG d'Arianespace veut s'attaquer: celui «d'une optimisation de la base» de Kourou, en Guyane, pour avoir davantage de «souplesse» dans la gestion de la gamme des trois lanceurs (Ariane, Véga et Soyouz).

L'objectif de Stéphane Israël est de «ramener le délai entre deux lancements à deux semaines, alors qu'il est aujourd'hui plutôt de trois semaines».

«Tout cela doit naturellement être discuté avec l'ensemble des partenaires et actionnaires d'Arianespace», a souligné son PDG.

Une fusée Ariane 5 ES doit lancer dans la nuit de mercredi à jeudi depuis Kourou l'ATV-4, qui représente avec son chargement une masse d'environ 20,2 tonnes. Ce sera le vaisseau spatial le plus lourd jamais mis sur orbite par une fusée Ariane.

Pour 2013, Arianespace prévoit au total six lancements d'Ariane 5 (dont un déjà réalisé), trois lancements de Soyouz au Centre spatial guyanais et un lancement de Vega (effectué en mai).