Faire de la musique avec les Barenaked Ladies dans l'espace, ça frappe l'imaginaire. Mais outre la visibilité qu'apportent des missions comme celles que vient d'accomplir Chris Hadfield, plusieurs observateurs remettent en question leurs bénéfices scientifiques.

«Envoyer une personne en orbite est désuet et n'a aucun intérêt scientifique, tranche Yves Gingras, historien et sociologue des sciences à l'Université du Québec à Montréal. Les associations scientifiques le disent: il n'y a aucune expérience d'envergure à faire à 300 km de la Terre qui ne puisse être faite avec des satellites ou des robots.»

L'American Physical Society, notamment, s'est déjà prononcée contre la construction de la Station spatiale internationale.

«Les contributions potentielles d'une station spatiale habitée aux sciences physiques nous apparaissent grandement surestimées. Plusieurs des objectifs de la station pourraient être atteints de façon plus efficace et à bien moindre coût sur Terre, par des plateformes robotiques inhabitées ou par les navettes», avait dit l'association dans une déclaration rédigée en 1991 et retransmise à La Presse hier en réponse à nos questions.

Une découverte prometteuse

L'Agence spatiale canadienne réplique que Chris Hadfield et son équipe ont réalisé pas moins de 130 expériences pendant leur mission, tant en médecine et en astronomie qu'en sciences des matériaux ou même en psychologie. L'équipage a même enregistré le record du nombre d'heures consacrées à la science au cours d'une mission.

Il est possible que Chris Hadfield et son équipe aient détecté pour la première fois des neutrinos émis par la mystérieuse «matière sombre», qui pourrait former plus de 25% de l'Univers. «Si ça se confirme, ça pourrait devenir l'expérience scientifique la plus importante jamais accomplie à bord de la Station», affirme David Saint-Jacques, astronaute à l'Agence spatiale canadienne.