Cette semaine au Texas, plus de 2000 chercheurs discutent du système solaire à la 44e Conférence sur la science planétaire et lunaire. Mars est à l'honneur, mais on dissèque aussi Mercure, Titan et même l'exploitation minière des astéroïdes. En voici les faits saillants.

De la glace chez la voisine du Soleil

Des calottes de glace pourraient se cacher au fond des cratères de Mercure, avancent des chercheurs américains. Analysant les données de la sonde Messenger, dont la mission a été étendue à deux reprises, ils proposent d'utiliser les prochains mois de travail pour vérifier cette hypothèse. Mercure ne se trouve qu'à 50 millions de kilomètres du Soleil, trois fois plus proche que la Terre. Arrivée en orbite mercurienne en 2011, Messenger vient tout juste de commencer sa deuxième extension de mission.

La pluie et le beau temps sur Mars

La Planète rouge n'a probablement pas connu de pluie depuis 3,8 milliards d'années, mais des inondations massives ont eu lieu jusqu'à tout récemment - 300 millions d'années au plus tard. Les dizaines de présentations sur Mars, dont une bonne partie dissèquent la mission de la sonde Curiosity, confirment que les calottes glaciaires cachées un peu partout sur Mars - aux pôles, dans les cratères, sur le sommet des montagnes équatoriales, ont brusquement fondu lors d'éruptions volcaniques massives.

D'où vient la Lune?

Les astronomes s'entendent pour affirmer que la Lune a été créée quand un astéroïde a frappé la Terre et éjecté en orbite une énorme quantité de matériel, voilà 4,5 milliards d'années. Mais le coupable n'a toujours pas été retracé: s'est-il fondu dans la croûte terrestre, ou s'est-il dispersé dans le Système solaire? Était-il de la grosseur de Mars, ou plus petit? Une équipe austro-australienne a fait le point sur le sujet, avançant que la haute teneur en oxyde de fer de la Lune (50% plus que la Terre) reflète la composition du fameux astéroïde. Et donc, qu'il ne s'est pas amalgamé avec la Terre. Allant plus loin, les astrophysiciens estiment que l'impact n'a pas accéléré le processus de solidification de la Terre. Une mission de cartographie et de géophysique par deux sondes jumelles, GRAIL, vient de se terminer en décembre avec un survol à seulement 11 km d'altitude qui amènera des données pour vérifier toutes ces hypothèses.

Vesta et ses pairs

L'été dernier, la sonde Dawn a cessé son examen de l'astéroïde Vesta, situé dans la ceinture juste au-delà de Mars. Elle n'a jamais montré d'océan de lave, mais comporte des aspérités surprenantes. Les analyses ne sont pas terminées mais sont suivies à la trace par les deux sociétés américaines qui ont lancé plus tôt cette année des projets d'exploitation minière des astéroïdes. Leur défi sera d'identifier les cibles les plus prometteuses en métaux rares, en partie grâce aux données glanées sur Vesta.

Se poser sur Europe

Europe était la vedette du film 2010, qui imaginait la formation de vie sous la glace de ce satellite de Jupiter. Même si une mission d'exploration américano-européenne, prévue pour 2020, a été annulée l'a dernier, des chercheurs américains ont analysé les zones les plus susceptibles d'être propices à un atterrissage sur Europe. Leurs modèles d'interaction de la glace et des radiations solaires indiquent que des crêtes de dizaines de mètres de haut couvrent probablement une bonne partie de la surface, ce qui pose problème.

Les mers de Titan

Le pôle Nord de Titan, un satellite de Saturne, a plusieurs lacs d'éthane et de méthane liquide. Mais son pôle Sud n'en a qu'un seul, le lac Ontario. Une nouvelle analyse américaine d'images radar de la sonde Cassini vient de montrer que d'autres lacs asséchés se trouvent au pôle Sud. Les chercheurs avancent que les pôles s'échangent tous les 30 000 ans leurs hydrocarbones liquides. Et ils appellent à l'envoi d'une nouvelle sonde pour voir si les lacs du pôle Sud se remplissent durant l'hiver titanesque et donc si la quantité d'éthane et de méthane gazeux dans l'atmosphère varie au cours de l'année.

Les microbes extrêmes

Des laboratoires balistiques aux profondeurs de l'Atlantique, les chercheurs traquent les formes de vie les plus résistantes. Pour voir si elles auraient pu apparaître et fleurir sur Mars et d'autres endroits inhospitaliers du Système solaire. Mais aussi si elles ont pu être disséminées par des astéroïdes. Un laboratoire britannique de l'Université de Kent a ainsi observé que du phytoplancton lancé à 4 km/s contre un mur survit à l'impact. Et des chercheurs de l'Université de Washington ont expliqué les dernières découvertes du champ hydrothermal de la Cité perdue, un endroit situé sur les contreforts de la chaîne de montages située au milieu de l'océan Atlantique où une vie indépendante de l'énergie solaire s'est développée autour de sources thermales extrêmement chaudes et basiques.