La Chine a lancé samedi sa mission spatiale la plus ambitieuse et technique de son Histoire, avec pour la première fois une femme parmi l'équipage de ses trois astronautes qui iront s'arrimer à un module déjà en orbite autour de la Terre.

La fusée Longue Marche 2F, avec à son bord le vaisseau Shenzhou IX, a décollé comme prévu à 18H37 (10H37 GMT) depuis la base de Jiuquan (nord-ouest), dans le désert de Gobi.

Elle s'est élevée droit vers le ciel, peu après sa mise à feu, dans des conditions météorologiques jugées «excellentes».

Parmi les trois «taïkonautes», ainsi que la Chine nomme ses astronautes, se trouve Liu Yang, première Chinoise envoyée dans l'espace, assurée de devenir une héroïne pour plus d'un milliard de ses concitoyens.

Cette femme pilote de chasse de 33 ans a été entourée d'un grand secret depuis que l'excellence de ses performances lui a permis d'être recrutée en mars comme candidate pour la mission Shenzhou IX. Ce n'est que vendredi, veille du départ, que les médias officiels ont confirmé qu'elle en faisait partie.

Les trois membres de l'équipage, filmés dans l'habitacle exigu de leur capsule, sont apparus sereins juste avant le décollage, qui s'est déroulé sous les yeux du président de l'Assemblée nationale populaire, Wu Bangguo.

«La Chine et son peuple attendent votre retour triomphal», a lancé le dirigeant, officiellement numéro deux du régime communiste chinois.

Dix minutes environ après avoir quitté le sol, la capsule Shenzhou IX s'est séparée sans problème de son véhicule transporteur, pour entrer en orbite. Puis le module a déployé ses deux panneaux solaires.

L'ensemble de l'opération a été qualifié de «succès total» par le général Chang Wanquan, chef du programme chinois de vols spatiaux habités. L'armée garde un rôle central en Chine pour les activités liées à l'espace.

La mission Shenzhou («Vaisseau divin») IX, d'une durée de 13 jours, comportera un amarrage effectué manuellement au module Tiangong-1 («Palais céleste») déjà en orbite. Elle s'inscrit dans le cadre d'un programme visant à doter la Chine d'un habitat spatial permanent à l'horizon 2020.

Cette mission a «une portée stratégique importante», a souligné Wu Bangguo, alors que la Chine progresse vite dans une phase de rattrapage technologique, en reproduisant des expériences de rendez-vous spatiaux réalisées par les Américains et les Russes dans les années 1960.

La capsule Shenzhou est d'ailleurs un véhicule inspiré des technologies du Soyouz soviétique.

Le président Hu Jintao a de son côté félicité les responsables du projet, en estimant que la maîtrise des arrimages dans l'espace était «cruciale» pour disposer à terme d'une station orbitale sur le modèle de la Station spatiale internationale (ISS), dont Pékin est absent.

Les lancements spatiaux chinois sont fortement imprégnés de nationalisme et les médias chinois insistaient sur l'importance de cette dernière mission.

«La Chine a besoin de consolider ses gains stratégiques réalisés au fil des années. Cela demande non seulement des capacités technologiques dans l'air et sur mer, mais cela exige aussi une présence renforcée dans l'espace», a ainsi commenté samedi, dans un éditorial, le journal Global Times, réputé pour son nationalisme.

La Chine est le troisième pays, après les États-Unis et l'URSS, à envoyer une femme dans l'espace grâce à sa propre technologie. Pékin avait effectué son premier vol spatial habité en octobre 2003 avec Yang Liwei, resté depuis très célèbre dans le pays.

Shenzhou IX a décollé exactement 49 ans après que la Russe Valentina Terechkova, première femme cosmonaute de l'Histoire, eut effectué son vol du 16 au 19 juin 1963, à l'issue duquel cette ancienne ouvrière du textile fut nommée héroïne de l'Union soviétique.