Un problème de moteur de la fusée Falcon 9 de la société SpaceX a empêché à la dernière seconde samedi matin le lancement très attendu de Floride vers la station spatiale internationale (ISS) de sa capsule récupérable Dragon, ont indiqué des responsables de SpaceX.

La date d'une prochaine tentative paraissait incertaine alors que l'origine du problème restait encore à déterminer.

Les techniciens ne pourront pas commencer à examiner le moteur défectueux --sur les neuf que compte Falcon 9-- avant samedi midi, quand l'accès au lanceur sera rendu possible, a indiqué devant la presse Gwynne Shotwell, directrice générale de SpaceX.

«Ils (les ingénieurs) inspecteront le moteur pour trouver l'origine de ce dysfonctionnement, quel qu'il soit, et nous publierons un communiqué dès que nous en aurons déterminé la cause», a-t-elle ajouté, sans exclure la possibilité de remplacer le moteur en question, ce qui prendrait «quelques jours».

«La prochaine tentative de lancement, si ce que nous trouvons est réparable, sera le 22 mai à 3H44 du matin (7H44 GMT) et nous pourrions aussi faire une tentative le 23 mai à 3H22 du matin (7H22 GMT)», a précisé Mme Shotwell.

Interrogée sur une déclaration faite plus tôt sur Twitter par Elon Musk, le fondateur et patron de SpaceX, qui semblait minimiser le problème, elle a expliqué «qu'il se fondait sur des données préliminaires». Selon elle, M. Musk a dit que la pression dans la chambre de ce moteur a «légèrement excédé une certaine limite technique et que nous allons réajuster cette limite afin de pouvoir procéder au lancement dans quelques jours».

«Nous avions un compte à rebours normal jusqu'à une demi-seconde avant le lancement, quand le système de contrôle des moteurs a détecté une pression élevée dans la chambre du moteur numéro 5», a-t-elle encore précisé, indiquant que cette anomalie ne résulte pas du dysfonctionnement d'un capteur électronique.

Le vol de Dragon, qui avait déjà été reporté à trois reprises depuis le 7 février, est considéré comme historique puisqu'il s'agira, en cas de succès, du premier vaisseau d'une société privée à s'amarrer à l'avant-poste orbital, ce qui pourrait marquer le début d'une nouvelle ère dans le transport spatial.

Pour cette première mission de démonstration, Dragon doit livrer à l'ISS quelque 521 kilos de fret, dont des aliments et du matériel de laboratoire, et ramener sur terre 660 kg de déchets et autres vieux équipements.

La capsule se désamarrera ensuite pour revenir sur Terre en amerrissant dans le Pacifique, au large de la Californie.

La Nasa parie lourd sur le succès de SpaceX, car elle compte sur le secteur privé, avec qui elle a formé des partenariats, pour prendre la relève des trois navettes spatiales, dont la dernière a volé en juillet 2011, et transporter dès cette année et à moindre coût du fret vers l'ISS, et ultérieurement des astronautes à l'horizon 2015.

SpaceX a obtenu un contrat de 1,6 milliard de dollars pour effectuer 12 missions de livraison à la station en quatre ans.

La Nasa a également conclu un contrat de 1,9 milliard de dollars avec la firme Orbital Sciences Corporation pour acheminer du fret à l'ISS. La firme doit effectuer son premier vol d'essai avant la fin de l'année.

SpaceX, ainsi que Boeing, Sierra Nevada et Blue Origin ont reçu des fonds de la Nasa pour développer un vaisseau privé de transport de personnes vers l'ISS.

En attendant, les États-Unis dépendent des Soyouz russes pour acheminer leurs astronautes à l'ISS au prix de 63 millions le siège.

Pour le fret, ils sont dépendants des vaisseaux automatiques russe Progress, européen ATV et japonais HTV qui ne peuvent pas revenir dans l'atmosphère.

La société SpaceX a été créée en 2002 par le milliardaire Elon Musk, 40 ans, qui a fait fortune dans l'internet.

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15 expériences étudiantes

Dragon amènera à la station spatiale une demi-tonne de cargo. L'essentiel sera composé de vivres et de produits de première nécessité pour les astronautes, ainsi que de matériel électronique. Mais 15 expériences étudiantes sont aussi au menu. Choisies parmi 779 propositions d'élèves américains du primaire et du secondaire, elles reviendront sur le plancher des vaches avec une capsule Soyouz le 1er juillet. Les expériences permettront notamment de mesurer l'efficacité dans l'espace des levures utilisées pour la fermentation de l'alcool et de savoir si les oeufs d'araignées éclosent dans l'espace. Cette dernière expérience a été proposée par des élèves de 5e année de l'école Quebec Heights de Cincinnati.

Un module gonflable

SpaceX vient de conclure une entente avec une autre société spatiale privée, Bigelow, pour convoyer après 2016 des touristes de l'espace vers des stations spatiales gonflables. Bigelow, qui a déjà mis en orbite deux modules gonflables en 2006 et 2007, a été fondée par un magnat de la construction et de l'immobilier de Las Vegas, Robert Bigelow, qui y a englouti plus de 200 millions américains depuis 1999. L'an dernier, la NASA avait entamé des discussions avec Bigelow pour ajouter à la Station spatiale internationale un module gonflable. Bigelow est avare de commentaires sur l'absence de tests depuis 2007 - certains experts ont avancé que l'effondrement de l'immobilier a joué un rôle dans cette pause -, mais les deux modules déjà lancés ont fonctionné pendant plus d'un an tout en abritant des organismes vivants.

- Avec l'AFP