Le Canada fait partie des nombreux pays qui surveillent étroitement un satellite russe en perdition qui devrait effectuer un violent retour sur Terre dimanche.

Le satellite Phobos-Grunt, d'un poids de 15 tonnes, est en orbite incontrôlée autour de notre planète depuis son lancement, le 8 novembre. Ses fusées d'appoint n'ont pu envoyer l'engin vers Mars, tel que prévu.

L'engin devait se rendre vers Phobos, un satellite naturel de Mars, pour y récolter des échantillons de sol et les ramener sur Terre. Grunt signifie terre ou sol en russe.

Roscosmos, l'agence spatiale russe, prévoit que l'engin de la taille d'une voiture effectuera sa rentrée dans l'atmosphère dimanche.

Il pourrait s'écraser dans une zone allant de Calgary, au nord, à la pointe de l'Amérique du Sud, soit entre 51 degrés de latitude nord et 51 degrés de latitude sud.

Un expert de l'Agence spatiale canadienne sur les débris spatiaux précise que la trajectoire exacte de retour sur Terre de Phobos-Grunt ne sera connue que quelques heures avant la rentrée.

«Phobos-Grunt est en orbite autour de la planète et survole quantité d'endroits où des humains vivent, dit-il. Mais nous ne connaîtrons pas l'endroit exact de sa chute que quelques heures avant celle-ci.»

Michel Doyon indique toutefois que puisque 80% de la surface terrestre est couverte d'eau, les probabilités qu'une personne soit touchée est extrêmement faible.

M. Doyon fait partie de l'Inter-Agency Space Debris Coordination Committee, qui est actuellement présidé par le Canada. Ce comité représente 12 agences spatiales de partout sur la planète.

Selon le chercheur, Phobos-Grunt est «environ de la taille d'une Honda Civic».

L'engin possédait assez de carburant à son bord pour le voyage de huit mois en direction de Mars, et M. Doyon précise que la majeure partie de celui-ci brûlera lors de la rentrée. Certains débris portés au rouge pourraient toutefois toucher le sol.

«Ils s'attendent à ce que de 20 à 30 fragments résistent au retour sur Terre, pour un poids de moins de 200 kilos», a ajouté le spécialiste.

Des responsables du ministère fédéral de la Sécurité publique gardent également un oeil sur le satellite condamné par l'entremise du centre d'opérations gouvernementales.

Il a été rapporté que le directeur de Roscomos aurait laissé entendre qu'un acte de sabotage aurait pu causer la défaillance de Phobos-Grunt.

«Je ne veux pas blâmer personne mais, ces jours-ci, il existe des moyens très puissants d'agir sur des véhicules spatiaux», a déclaré Vladimir Popovkin au journal russe «Izvestia».

Certaines rumeurs veulent que le satellite aurait pu être «influencé» par un puissant radar américain en Alaska lorsqu'il a survolé la région.

Mais M. Doyon n'est pas convaincu que c'est ce qui s'est passé avec le satellite valant plusieurs millions de dollars.

«Cela semble très, très difficile, et j'aurais de la misère à y croire», a-t-il lancé.

«Je doute qu'il y ait eu toute tentative contre un engin spatial.»

M. Popovkin a également admis que le projet vers Mars aurait pu être condamné depuis le début.

«La sonde avait été construite il y a longtemps et les garanties de certaines pièces étaient sur le point d'échoir», a-t-il dit.

«Si nous ne l'avions pas lancée vers Mars en 2011, nous aurions dû nous en débarrasser.»