La Nasa doit lancer samedi vers Mars son robot Curiosity, le plus sophistiqué jamais envoyé pour explorer une autre planète, qui devrait pour la première fois déterminer si l'environnement de la planète rouge a pu être dans son histoire propice au développement de la vie.

Curiosity ou «Mars Science Laboratory» (MSL), qui devrait se poser sur le sol martien en août 2012 après un périple de 570 millions de km, est «vraiment un robot exceptionnel dont la capacité dépasse largement tout ce que nous avons lancé vers une autre planète du système solaire», a souligné mercredi Colleen Hartman, directrice adjointe des missions scientifiques de la Nasa.

Le lancement de Curiosity à bord d'une fusée Atlas V depuis Cap Canaveral en Floride est prévu samedi à 15h02 GMT (10h02 locales) à l'ouverture d'une fenêtre de tir de 1h43. Les probabilités de conditions météo favorables sont évaluées à 70%.

Curiosity, qui pèse 900 kg, est deux fois plus long et cinq fois plus lourd que les deux précédents robots martiens Spirit et Opportunity, et est équipé de dix instruments scientifiques. Il possède un mât avec des caméras à haute définition et un laser pour étudier des cibles jusqu'à une distance de sept mètres.

Le robot monté sur six roues possède aussi un bras articulé de 2,1 mètres capable de forer jusqu'à six centimètres dans la roche, une première sur Mars. Les échantillons recueillis seront acheminés dans l'un des deux laboratoires à l'intérieur du robot pour être analysés.

D'autres instruments scruteront l'environnement pour y détecter notamment du méthane, souvent lié à la présence de la vie sur la Terre et un gaz déjà détecté sur Mars à certaines saisons par un orbiteur martien américain.

Curiosity mesurera aussi les radiations pouvant affecter de futures missions habitées sur Mars. Le robot dispose aussi d'une station météo.

Poser Curiosity sur Mars, «c'est avoir virtuellement plus de 200 chercheurs pour explorer Mars, c'est une machine de rêve», se félicite Ashwin Vasavad, adjoint du responsable scientifique de la mission.

Curiosity, une mission de 2,5 milliards de dollars dont 1,8 milliard de développement lancé avec deux ans de retard, doit se poser près de la base d'une montagne de 5000 m de haut à l'intérieur du cratère Gale.

Durant sa mission d'exploration prévue pour durer deux ans terrestre --une année martienne--, le robot, alimenté par un générateur nucléaire, va tenter de découvrir si l'environnement martien a pu être propice au développement de la vie microbienne.

Pour ce faire, «Gale offre une occasion superbe de tester de multiples environnements potentiellement favorables à la vie», explique John Grotzinger, responsable scientifique du MSL à l'Institut de Technologie de Californie à Pasadena (Ouest).

«Dans la partie du cratère où Curiosity atterrira --les températures y varient de moins 90 degrés à zéro-- se trouve un cône de déjection alluviale probablement formé par des sédiments transportés par de l'eau», précise-t-il.

De plus, «des couches de terrains à la base de la montagne contiennent de l'argile et des sulfates, connus pour se former dans l'eau».

Pour poser Curiosity sur Mars, la Nasa a inventé une nouvelle technique, le robot étant trop lourd pour être équipé de sacs à air censés amortir le choc.

Après le déploiement d'un parachute pour freiner la descente initiale, c'est une sorte de grue volante munie de rétrofusées qui déposera délicatement le robot sur le sol.

Se mettre en orbite ou entrer dans l'atmosphère de Mars est ardu.

Sur les 43 missions effectuées jusqu'à aujourd'hui, près de 70% ont échoué, les Américains ayant eu le plus grand succès avec leurs six derniers vols réussis. Ils sont ainsi les seuls à ce jour à avoir exploré la surface de Mars.

 L'ex-URSS avait été la première à y poser une sonde en 1971 qui n'a fonctionné que 15 secondes.