Malgré le risque posé par la chute d'un satellite de la NASA, samedi, il est plus sécuritaire de faire tomber sur Terre les vieux engins spatiaux, estime le gestionnaire des opérations de vol à l'Agence spatiale canadienne (ASC), Michel Doyon.

Plus de 48 heures après la chute de l'engin Upper Atmosphere Research Satellite (UARS), l'incapacité de la NASA à localiser ses débris a alimenté les craintes de plusieurs sur la sécurité de ces opérations. «C'est quand même la chose responsable à faire, assure Michel Doyon. L'espace est déjà surpeuplé de débris.»

L'homme en sait quelque chose, lui qui est avisé tous les mois qu'un objet spatial menace de percuter le satellite canadien RADARSAT-1, sous sa responsabilité. La NASA suit à la trace plus de 22 000 objets de plus 10 cm flottant autour de la Terre, dont seulement un millier sont des satellites opérationnels. L'agence évalue à un demi-million le nombre de débris de 1 à 10 cm et à des dizaines de millions les plus petits débris. Or, voyageant à sept kilomètres par seconde, sept fois la vitesse d'une balle de fusil, même le plus petit objet peut provoquer d'importants dégâts.

Le nombre de débris est d'ailleurs particulièrement élevé depuis deux incidents dans lesquels des satellites ont été détruits. En 2009, un vieil engin russe abandonné en orbite en a heurté un autre, projetant des milliers de pièces en orbite. Deux ans plus tôt, la Chine avait contribué à la pollution spatiale en détruisant l'un de ses vieux satellites à l'aide un missile balistique dans une démonstration de sa puissance militaire. «Ça nous cause beaucoup de problèmes», confie aujourd'hui Michel Doyon.

Abandonné depuis 2005 dans l'espace, l'UARS serait retombé dans l'atmosphère samedi soir vers 0 h 16, heure de Montréal. L'engin se serait désintégré en plein océan Pacifique, au large de la côte ouest américaine. Mais, il se peut «qu'on ne sache jamais où ce satellite» est retombé, a admis l'expert en débris orbitaux de la NASA, Nick Johnson. Avant de se désintégrer, l'UARS a survolé les océans Indien, Atlantique et Pacifique ainsi que le Canada et l'ouest de l'Afrique.

Dans sa traînée, une rumeur s'est propagée sur l'internet selon laquelle des débris auraient terminé leur course en Alberta, dans la petite municipalité d'Okotoks, au sud de Calgary. La Gendarmerie royale du Canada a toutefois indiqué qu'aucune chute de débris spatiaux n'avait été rapportée. En conférence téléphonique, Nick Jonhson a dit que la NASA n'avait reçu aucun témoignage crédible indiquant que des débris auraient touché le sol.

La NASA estime que 26 morceaux de satellite, totalisant 1200 livres, ont pu survivre à l'entrée dans l'atmosphère et s'éparpiller sur une distance d'environ 750 kilomètres.

Lors de l'annonce de la chute de ce satellite, il y a trois semaines, la NASA avait évalué à 1 sur 3200 les risques qu'une personne soit tuée par des débris, un risque extrêmement faible pour une planète de 7 milliards d'habitants. L'UARS, qui pesait 5,7 tonnes, est le plus gros satellite de la NASA à plonger dans l'atmosphère depuis 1979.

- Avec l'Agence France-Presse et La Presse Canadienne