L'ultime lancement de la navette spatiale américaine Endeavour a été reporté d'au moins trois jours  vendredi en raison d'un problème électrique, dont la Nasa avoue ne pas encore comprendre l'origine.

Cette décision surprise a été annoncée alors que l'équipage était en route pour procéder à l'embarquement en vue d'un lancement vers la Station Spatiale Internationale (ISS) prévu à 19h47 GMT (15h47, heure de Montréal), l'avant-dernier d'un orbiteur.

«Nous avons besoin d'un minimum de trois jours», a dit peu après Mike Leinbach, le directeur du lancement.

«Le lancement n'aura pas lieu avant lundi à 18h33 GMT (14h33, heure de Montréal), au plus tôt», a précisé la Nasa. Mais M. Leinbach a laissé entendre que cette date est très incertaine.

Si le problème provient seulement du thermostat défectueux du mécanisme de chauffage d'une conduite de carburant d'un des turbogénérateurs d'Endeavour, il sera aisé de le remplacer, a-t-il jugé ultérieurement lors d'une conférence de presse.

Dans ce cas, une tentative de tir pourra être faite lundi à 18h33 GMT, voire deux jours après le cas échéant.

Mais si la boite de distribution électrique, appelée «Load Control Assembly», qui alimente entre autres ce thermostat, doit être changée, ce sera alors plus long, a-t-il estimé.

Dans ce cas, le lancement n'interviendrait pas avant le 9 ou le 10 mai en raison d'un tir de la fusée Atlas programmé à partir du 5 mai jusqu'au 7.

Les turbogénérateurs d'Endeavour alimentent le système hydraulique. «Nous devons maintenir une certaine température pour éviter que ces conduites ne gèlent sur orbite», avait dit auparavant le directeur du lancement.

L'équipe technique ne pourra pas accéder à la navette et au pas de tir avant samedi en fin d'après-midi, le temps que l'hydrogène liquide vidangé du réservoir externe soit totalement dissipé.

Le président Barack Obama, qui devait assister au lancement d'Endeavour avec sa famille, est néanmoins venu au Centre spatial Kennedy, après s'être rendu dans les régions du sud des États-Unis dévastées par des tornades.

Il s'est entretenu notamment avec la parlementaire Gabrielle Giffords, grièvement blessée par balle à la tête lors d'une fusillade en Arizona en janvier et venue au Centre Spatial Kennedy pour voir le lancement.

Elle est l'épouse de Mark Kelly, le commandant de bord d'Endeavour.

M. Obama a également parlé avec les six astronautes de l'équipage d'Endeavour, a indiqué la Nasa.

Le report du lancement d'Endeavour a été une énorme déception pour la foule estimée à 750 000 personnes, venue admirer le spectacle.

Le principal objectif de la dernière mission d'Endeavour est la livraison à l'ISS du spectromètre magnétique Alpha 2 (AMS), un module de sept tonnes visant à s'attaquer aux plus grandes questions posées par la formation de l'univers comme l'existence de l'antimatière ou la nature de la matière noire invisible.

L'AMS est le fruit d'une collaboration internationale dirigée par le professeur Samuel Ting du Massachusetts Institute of Technology, prix Nobel de physique et initiateur du projet auquel 60 laboratoires de 16 pays participent.

Après la navette, la Nasa dépendra des Soyouz russes pour acheminer ses astronautes à l'ISS au prix de 51 millions de dollars le siège dans l'attente qu'un autre vaisseau spatial américain, sans doute commercial, ne prenne la relève d'ici quatre ans, au mieux.

Les trois orbiteurs, Discovery, Endeavour et Atlantis ainsi qu'Enterprise -un véhicule expérimental n'ayant jamais volé dans l'espace- ont été attribués à quatre musées américains.