L'Iran a confirmé ses ambitions spatiales qui inquiètent les Occidentaux en annonçant jeudi avoir testé avec succès un nouveau lanceur et une capsule spatiale destinés à envoyer prochainement un singe dans l'espace.



«La République islamique d'Iran a lancé avec succès la première capsule de vie iranienne dans l'espace en utilisant la fusée Kavoshgar-4», a annoncé l'agence officielle IRNA citant la présidence iranienne.

«Cette expérience scientifique importante a été menée le 15 mars par l'agence spatiale iranienne», a précisé IRNA.

L'Iran, qui a déjà mis un satellite en orbite en 2009 avec une fusée Safir-2 et a envoyé de petits animaux --un rat et des tortues-- dans l'espace en 2010 avec un lanceur Kavoshgar-3, a annoncé un ambitieux programme spatial qui inquiète les Occidentaux.

Ces derniers craignent que Téhéran ne développe une capacité balistique susceptible de transporter d'éventuelles têtes nucléaires, en dépit des démentis de Téhéran qui nie que ses programmes nucléaire et spatial aient la moindre dimension militaire.

L'Iran avait annoncé le mois dernier qu'il effectuerait avant la fin de l'année iranienne (21 mars) le tir d'essai de Kavoshgar-4 et de sa capsule.

Le lancement effectué mardi, et annoncé très discrètement avec plus de 24 heures de retard, a notamment «permis de tester les performances du système (...) ainsi que de la plate-forme de lancement, des moteurs, des systèmes électroniques et de télémétrie, et du système de séparation» entre la fusée et sa charge, selon IRNA.

Le président Mahmoud Ahmadinejad avait dévoilé en février, pour le 32e anniversaire de la révolution islamique de 1979, la «capsule de vie» testée mardi et prévue pour emporter un singe.

Le lancement d'un gros animal dans l'espace a été présenté par les responsables iraniens comme «la première étape menant à l'envoi d'un homme dans l'espace» envisagé par Téhéran à l'horizon 2020.

La fusée Kavoshgar-4, également dévoilée en février, a été conçue pour emporter une charge à 120 km d'altitude, et l'Agence spatiale iranienne a confirmé jeudi que les tests de transmission de données et d'images avec le sol avaient été effectués avec succès à cette altitude.

Parallèlement à ce programme centré sur l'envoi d'êtres vivants dans l'espace, l'Iran a annoncé qu'il prévoyait de lancer plusieurs satellites expérimentaux, d'observation ou de télécommunication d'ici mars 2O12.

Téhéran a annoncé une dizaine de projets de satellites différents, et a publiquement indiqué travailler sur trois lanceurs: Kavoshgar-4 pour les charges à basse altitude, Safir-B1 capable de placer un satellite de 50 kilos sur une orbite de 300 à 450 km d'altitude, et Simorgh, un engin de 27 mètres et 85 tonnes destiné à mettre en orbite un satellite de 100 kilos à 500 kilomètres d'altitude.

L'Iran a aussi annoncé son ambition de placer un satellite de télécommunications en orbite géostationnaire à 35 000 km d'ici cinq ans, sans préciser quel lanceur serait utilisé.

Téhéran a mis les bouchées doubles pour accélérer sa course à l'espace, ouvertement présentée par les dirigeants iraniens comme un défi aux sévères sanctions économiques et scientifiques internationales, et notamment occidentales, visant à ralentir les programmes nucléaire et spatial iraniens.

«Tous les moyens d'un pays doivent être mobilisés pour atteindre les objectifs» que s'est fixés l'Iran, a demandé en février le président Ahmadinejad.

Les précédents lancements de fusées spatiales par l'Iran en 2009 et 2010 ont provoqué de vives réactions des Occidentaux, Washington parlant de «provocation» ou les Européens soulignant leur «préoccupation».