Les vastes dunes de sable dans le nord de Mars, qu'on croyait depuis longtemps immobiles, changent soudainement mais aussi lentement, montrent des images à grande définition de la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) dévoilées jeudi.

Ces dunes recouvrent une superficie de la taille du Texas, sur une bande entourant la planète rouge à l'extrémité de la zone arctique.

Bien que ces observations laissent penser que cette région est l'une des plus actives, peu de changements avaient été détectés dans ces dunes sombres avant cette campagne d'observation, relèvent les auteurs de cette communication publiée dans la revue américaine Science datée du 4 février.

La caméra à grande définition HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment), qui se trouve à bord du MRO, est utilisée par le laboratoire planétaire et lunaire de l'Université d'Arizona qui en a la charge.

Les scientifiques pensaient que ces dunes étaient assez statiques et avaient été formées il y a longtemps, quand les vents étaient beaucoup plus forts qu'aujourd'hui sur Mars, rappelle Candice Hansen, de l'Université d'Arizona, principal auteur de cette découverte.

«Le nombre et l'ampleur des changements de ces dunes a été vraiment surprenant», dit-elle.

Les observations ont été menées durant deux années martiennes, quatre ans terrestres.

Selon les chercheurs, la fonte saisonnière de la glace de dioxyde de carbone est un des deux facteurs expliquant le phénomène, le second étant des bourrasques de vent plus fortes qu'on ne le pensait.

Ces couches de glace de CO2, ou glace sèche, recouvrent la région des dunes de sable en hiver et retrouvent directement leur état gazeux avec la montée des températures au printemps.

«Ces flots de gaz déstabilisent le sable des dunes de Mars, provoquant des avalanches de sable qui créent de nouveaux ravins et plateaux», explique Candice Hansen.

«Le niveau d'érosion en seulement une année martienne a été vraiment étonnant avec à certains endroits des centaines de mètres cube de sable qui sont descendus en avalanche des dunes», précise-t-elle.

Les chercheurs ont été particulièrement étonnés de découvrir que des traces d'avalanches passées pouvaient être partiellement effacées en seulement une année martienne (deux ans terrestres).

Les modèles informatiques simulant l'atmosphère martienne - formée à plus de 97% de CO2 - ne permettent pas de prédire la vitesse nécessaire des vents pour soulever des grains de sable. Les données recueillies par les atterrisseurs martiens comme Phoenix indiquent que des vents forts sont rares.