Un astronome québécois qui travaille au Conseil national de recherche en Colombie-Britannique vient de faire une découverte majeure sur les exoplanètes, qui sont en orbite autour d'autres étoiles que notre Soleil. Sa découverte d'une quatrième planète géante autour de l'étoile HR8799 chambarde les modèles de formation de planètes.

«Il existe deux modèles de formation de planètes géantes, aucun des deux n'explique la formation de celle que nous venons de découvrir», dit Christian Marois, qui publie ses résultats dans la prestigieuse revue Nature. «Mieux comprendre comment s'est formée cette quatrième planète nous permettra de savoir à quel point notre système solaire est unique en son genre.»

M. Marois a lui-même découvert les trois autres planètes du système solaire en 2008. Il a présumé qu'elles s'étaient formées par «instabilité de disque», un modèle selon lequel le nuage de matière que constitue une planète au début de son existence se condense peu à peu pour former une planète géante. Or, la nouvelle planète est située trop près de son étoile pour s'être formée de cette façon.

L'autre modèle est «l'accrétion autour du noyau»: le noyau de la protoplanète, au coeur du nuage de matière, attire tout d'abord des solides, puis croît et se met à attirer des gaz pour finalement former la planète géante. L'existence de la quatrième planète pourrait s'expliquer par le modèle d'accrétion, mais ses trois soeurs sont situées trop loin de leur étoile pour avoir été formées selon ce modèle.

Est-il absolument nécessaire que toutes les planètes géantes d'un système solaire se forment de la même manière? «C'est possible, mais je crois plutôt que nous allons découvrir des subtilités de l'un ou l'autre des modèles», dit M. Marois, joint à Victoria.

L'objectif de l'astronome est maintenant de découvrir d'autres planètes du système solaire HR8799. Il compte beaucoup sur un nouvel outil installé sur le télescope canadien Gemini au Chili, qui permettra de bloquer la lumière des étoiles et donc de mieux voir les planètes qui les entourent. «On pourra voir des planètes plus petites, dit M Marois. Mais pour voir des planètes du calibre de la Terre, il faudra attendre le futur télescope de 30 mètres.» Ce dernier arrivera dans de 10 à 15 ans et permettra de voir des «super-Terres» ayant moins de 10 fois le diamètre de notre planète.