Si vous croyez que la course à pied ou le vélo sont durs pour les articulations, c'est que vous n'êtes jamais allé dans l'espace.

Des documents médicaux portant sur six cosmonautes qui ont vécu à bord de la station spatiale russe Mir entre 1988 et 1999, confirment à quel point un séjour de longue durée en apesanteur peut être néfaste pour la santé, avant, pendant et surtout après.

Ces documents sont le fruit d'une étude réalisée par Gilles Clément et ses collègues de l'Université internationale de l'espace à Toulouse. Le but était d'effectuer un suivi de six astronautes européens, du début à la fin, c'est-à-dire du moment de leur sélection pour un séjour sur la station Mir, jusqu'à leur retour sur Terre et la fin de leur période de récupération. Le tout n'est rendu public que maintenant, parce que ces astronautes avaient réclamé un délai de 10 ans.

Tous ont été suivis à la loupe avant -le processus de sélection inclut une longue liste de tests médicaux et psychologiques, et certains ont la réputation d'être assez pénibles, comme la centrifugeuse qui les soumet à huit fois la force de gravité en 30 secondes. Mais c'est après la mission que les astronautes ont éprouvé les plus gros problèmes de santé : par exemple, leur coeur qui s'était adapté à une faible gravité n'avait plus à pomper le sang aussi vigoureusement vers le haut du corps; à leur retour sur Terre, tous avaient un faible taux d'hémoglobine et une basse pression, assez pour rendre pénible le simple fait de se tenir debout.

Les médecins savent également depuis longtemps que l'apesanteur peut être dommageable pour les muscles et les os. C'est la raison pour laquelle on demande aux astronautes de s'entraîner sur des tapis roulants et des vélos stationnaires. Mais même ainsi, cela ne les empêche pas de perdre du poids, écrivent Clément et ses collègues dans Advances in Space Research.

Pour les experts, ces documents ne contiennent pas de révélations. Ils ne font que renforcer la conviction qu'un voyage interplanétaire serait beaucoup plus difficile que dans la science-fiction.

Quelles solutions, alors? Embarquer dans les futurs vaisseaux spatiaux de gigantesques centrifugeuses qui, en tournant, simuleraient la gravité terrestre. Ou bien inventer une pilule qui freinerait la perte osseuse et musculaire.

Ou, plus modestement, imposer de meilleurs exercices physiques aux astronautes. Interrogé par le New Scientist, Bob Fitts, de l'Université Marquette au Wisconsin, auteur d'une autre étude sur la santé des astronautes, propose 15 minutes d'un entraînement « à haute intensité « (utilisant 70% de la capacité maximale des muscles), deux fois par jour. Et surtout, bien manger : les astronautes, apprend-on dans toutes ces études, tendent à perdre l'appétit, ce qui contribue à la perte musculaire.

Dans l'état actuel de la technologie, un voyage vers Mars durerait au moins six mois. Une autre solution est bien sûr d'attendre que la technologie réduise considérablement ce délai...