La Nasa a lancé jeudi de la base de Cap Canaveral en Floride l'observatoire solaire «Solar Dynamics Observatory», ou SDO, qui permettra de mieux comprendre les activités du soleil ainsi que leur impact sur la Terre et son climat.

La fusée Atlas V de deux étages s'est arrachée de son pas de tir à 15H23 GMT (10H23 locales) dans un ciel partiellement couvert au début d'une fenêtre de tir d'une heure.L'agence spatiale américaine avait dû renoncer mercredi à la première tentative de tir en raison de vents trop forts.

Le premier étage a fonctionné comme prévu pendant 4,3 minutes avant de se séparer. Le moteur du second étage, appelé Centaur, s'est ensuite allumé pendant plus de 11 minutes, permettant de placer le SDO sur une orbite dite de parking.

Plus d'une heure après, le moteur de Centaur doit s'allumer de nouveau pendant trois minutes pour mettre le SDO sur une orbite de transfert avant la séparation finale.

Au total, il faudra plus d'une heure et demie entre le décollage et la séparation du SDO du second étage de la fusée Atlas V et savoir si le lancement est un succès. Le satellite de 3,2 tonnes, carburant compris, ira ensuite se placer au cours des prochaines semaines sur une orbite géosynchronisée à 35.880 km de la Terre.

La mission, qui doit durer cinq ans et coûte 848 millions de dollars, va permettre de fournir une masse de données et d'images du soleil sans précédent, qui devrait lever le voile sur son complexe fonctionnement interne, en particulier sur son champ magnétique.

«L'observatoire SDO est le fondement de la recherche solaire de la prochaine décennie», a souligné avant le lancement Richard Fisher, directeur de la division d'héliophysique de la Nasa.

Le SDO devrait permettre de déterminer la durée du prochain cycle du soleil - en moyenne 11 ans - et de savoir s'il est possible de prédire quand des vents solaires violents chargés de particules à haute énergie frapperont la Terre.

Ces vents peuvent perturber le fonctionnement des satellites, des systèmes de distribution électrique, voire être dangereux pour des astronautes dans l'espace.

«Le soleil affecte de plus en plus notre vie quotidienne en raison de notre dépendance aux technologies» comme les systèmes de transmissions radio à haute fréquence et le GPS, a expliqué Dean Pesnell, un scientifique du Centre des vols spatiaux Goddard de la Nasa.

Trois instruments vont permettre de scruter et mesurer les activités solaires.

Le télescope Atmospheric Imaging Assembly (AIA) va produire des images haute résolution du soleil et de son atmosphère. Le Helioseismic and Magnetic Imager (HMI) est capable de voir à l'intérieur du soleil, telle une échographie, pour mesurer les mouvements de plasma générant les champs magnétiques. Enfin, le Extreme Ultraviolet Variability Experiment (EVE) mesurera la quantité d'énergie émise par le soleil dans ses rayonnements ultraviolets extrêmes, qui sont absorbés par l'atmosphère terrestre et ne peuvent donc être mesurés depuis le sol.

Ces instruments permettront d'étudier les relations entre l'activité magnétique interne du soleil et les effets à sa surface ainsi que sur notre planète, a précisé Madhulika Guhathakurta, responsable scientifique du SDO.

«Ces avancées produiront des données scientifiques qui feront mieux comprendre le fonctionnement du soleil et conduiront à la mise au point d'instruments capables de prédire ses comportements», ajoute Liz Citrin du Centre des vols spatiaux Goddard.