Julie Payette a fait ce matin un retour triomphal à l'Agence spatiale canadienne à Saint-Hubert. Plus de 200 employés de l'Agence l'ont applaudie lors qu'elle est entrée dans les quartiers généraux.

«Je ne suis pas partie toute seule», a déclaré l'astronaute québécoise, qui a passé 16 jours dans la navette Endeavour et la station spatiale internationale, à la fin juillet. «C'était la mission de toute une Agence, de tout un pays. Dans 100 ans ils vont rire de nous parce qu'on fait tout un plat d'avoir été 13 à bord de la station spatiale. Un jour on aura des hôtels et des infrastructures en orbite, une colonie lunaire. Mais pour le moment, 13 personnes, c'est extraordinaire.»

Souriante, vêtue sobrement d'un pantalon noir, d'un t-shirt noir à manches longues, d'une veste noire sport et de talons hauts noirs, Mme Payette a rapidement demandé la fin des applaudissements en faisant des gestes latéraux de ses mains vis-à-vis sa taille puis son cou. «Je ne m'attendais pas du tout à ça», a-t-elle dit aux employés. «Je m'attendais à eux», a-t-elle dit en pointant la vingtaine de journalistes présents, «mais pas à voir tous mes collègues».

Mme Payette a ensuite présenté ses photos préférées de la mission aux journalistes, dans une salle de conférence. Choisies avec soin parmi les 8000 prises durant la mission, elles racontent les points forts d'une mission «d'une complexité qu'on ne reverra plus jamais», à cause de la mise à la retraite prochaine (fin 2010) de la navette spatiale. En plus de cinq sorties spatiales, de 15 jours de manipulations robotiques avec cinq opérateurs, la mission a établi un record de transmission de matériel du bras robotique de la navette au bras robotique de la station.

La mission a failli établir un autre record : celui du nombre de lancements reportés. Le décollage d'Endeavour a été reporté cinq fois entre mai et juillet. Le matin même du lancement, le 15 juillet, Mme Payette était la dernière à pénétrer dans la navette quand elle a entendu, sur le système d'annonces extérieures de Cape Canaveral, un avertissement d'orage électrique demandant à tous les employés de rentrer à l'intérieur d'un immeuble. «On nous demandait de rentrer à l'abri, et nous étions assis sur deux millions de litres de carburant, a commenté Mme Payette avec un sourire. En juillet, la Floride du Sud est une usine à orages. Quand on a eu l'autorisation de l'agent météo, nous serions tombés en bas de nos chaises si nous n'avions pas été attachés.»

L'astronaute québécoise a publiquement remercié l'astronaute canadien Robert Thirsk, qui était dans l'espace en même temps qu'elle dans le cadre d'une mission de six mois dans la station spatiale, de lui avoir prêté un chandail chaud. «La température sur la station est de 18 à 20 degrés, mais sur la navette elle n'est que de 15 degrés. Quand j'étais au commandes du bras de la navette, la sortie d'air froid était juste à côté du poste de contrôle. Bob n'avait qu'un chandail chaud et il me l'a prêté. Je l'ai porté pendant dix jours.