Et si la conquête de la Lune s'était mal passée, il y a 40 ans? Au cas où Neil Armstrong et Edwin «Buzz» Aldrin ne seraient jamais revenus sur Terre, le président américain Richard Nixon avait fait préparer un discours poignant en forme d'éloge funèbre pour rendre hommage aux deux astronautes.

L'allocution faisait partie d'un mémorandum intitulé «En cas de catastrophe lunaire» daté du 18 juillet 1969, soit trois jours avant l'alunissage du module Eagle de Neil Armstrong et Buzz Aldrin le 21 juillet. Le troisième homme de la mission Apollo-11, Michael Collins, se trouvait lui en orbite autour de la Lune dans le module de commande Columbia, qu'Armstrong et Aldrin devaient rejoindre à l'issue de leur séjour sur le satellite de la Terre.

Voici l'intégralité de ce bref discours:

«Le destin a voulu que les hommes qui sont allés explorer la Lune en paix y resteront pour reposer en paix.

«Ces hommes courageux, Neil Armstrong et Edwin Aldrin, savent qu'il n'y a pas d'espoir pour leur récupération. Mais ils savent aussi que leur sacrifice est porteur d'espoir pour l'humanité.

«Ces deux hommes sacrifient leur vie pour le dessein le plus noble de l'humanité: la recherche de la vérité et de la compréhension.

«Ils seront pleurés par leur famille et amis, par la nation, par le peuple du monde, et par la Terre qui a osé envoyer deux de ses fils dans l'inconnu.

«Par leur exploration, ils ont poussé les peuples de la Terre à se sentir un; par leur sacrifice, ils renforcent la fraternité entre les hommes.

«Jadis, les hommes regardaient les étoiles et voyaient leurs héros dans les constellations. Aujourd'hui, nous faisons la même chose, mais nos héros sont des hommes héroïques de chair et de sang.

«D'autres suivront et réussiront sûrement à rentrer. La quête de l'homme ne sera pas reniée. Mais ces hommes étaient les premiers et resteront les premiers dans nos coeurs.

«Parce que chaque être humain qui regardera la Lune dans les nuits à venir saura que des hommes sont pour toujours quelque part dans cet autre monde.»

Le discours avait été écrit par William Safire, collaborateur présidentiel qui rédigeait à l'époque les allocutions de Nixon.

En cas de tragédie, le mémorandum recommandait au président Nixon d'appeler chacune des «futures veuves» avant de s'adresser à la nation. La NASA aurait ensuite rompu définitivement la communication avec les astronautes bloqués sur la Lune et un prêtre aurait «adopté la même procédure que pour des funérailles en mer», concluant avec un Notre Père.

Fort heureusement, le scénario catastrophe n'eut pas lieu et Richard Nixon appela les hommes par téléphone pour les féliciter, alors que ceux-ci marchaient sur la Lune. Au total, les astronautes d'Apollo-11 passèrent plus de 21 heures sur la Lune, un événement suivi par des millions de téléspectateurs dans le monde.

La rumeur a longtemps affirmé que Neil Armstrong et Buzz Aldrin portaient des capsules à absorber leur permettant de mettre fin à leurs jours en cas de retour impossible.