À la veille du 40e anniversaire du lancement d'Apollo 11, Julie Payette a enfin décollé mercredi soir pour la Station spatiale internationale. Après cinq reports, l'astronaute québécoise entame son deuxième séjour dans l'espace.

La coïncidence avec le 40e anniversaire est particulièrement heureuse: c'est en suivant la mission de Neil Armstrong, alors qu'elle avait 5 ans, que l'ingénieure en informatique montréalaise a eu la piqûre de l'espace.

Un léger problème est survenu environ deux minutes après le lancement, a indiqué un responsable de la NASA, Bill Gerstenmaier. Des débris se sont détachés de l'isolant du réservoir et ont heurté la navette Endeavour, laissant trois traces sur les tuiles de son bouclier thermique.

En 2003, la navette Columbia s'est désintégrée lors de l'atterrissage à cause de dommages causés à ces tuiles thermoprotectrices par des débris d'isolant.

«On peut clairement voir sur l'avant de la navette des marques blanches à l'endroit où les tuiles thermiques ont été heurtées», a dit M. Gerstenmaier, qui s'est toutefois fait rassurant. «Nous ne considérons pas cela comme un problème», a-t-il souligné. Depuis 2003, la NASA demande qu'une inspection des tuiles thermoprotectrices soit faite à l'arrivée et au départ de la navette.

«Si jamais une réparation est nécessaire, les astronautes ont tout ce qu'il faut pour la faire», a assuré Jean-Pierre Arseneault, porte-parole de l'Agence spatiale canadienne.

Les ingénieurs de la NASA ont détecté un autre problème mineur : l'une des trois piles à hydrogène d'Endeavour fonctionnait mal avant même le lancement, ce qui pourrait écourter la mission.

Julie Payette passera 16 jours en orbite, l'une des plus longues missions à ce jour. Elle se chargera de près de la moitié des dizaines de manipulations du bras robotique, notamment pour terminer l'assemblage du laboratoire japonais Kibo. Elle côtoiera aussi le Canadien Robert Thirsk, qui a décollé du Kazakhstan en mai dernier à bord d'une capsule Soyouz pour un séjour de six mois dans la Station spatiale. Ce sera la première fois que deux Canadiens sont en orbite en même temps.

Au cours de son premier séjour, il y a 10 ans, l'astronaute de 45 ans avait assisté aux balbutiements de la Station spatiale. Sa mission n'était que la deuxième à pénétrer dans la Station, et elle y avait apposé le sceau de l'Agence spatiale canadienne.

Famille et amis soulagés

À quelque 2500 km de Cap Canaveral, environ 400 personnes se sont réunies mercredi aux bureaux de l'Agence spatiale canadienne, à Saint-Hubert, en Montérégie. Famille, amis et collègues de Julie Payette étaient du nombre pour regarder le décollage d'Endeavour sur écran géant.

À mesure que le départ approchait, les gens étaient de plus en plus silencieux, de plus en plus attentifs. Et quand ils ont entendu le fameux «lift off», les deux mots qu'ils attendaient avec impatience, une vague d'applaudissements a retenti.

Maude Payette, la soeur de Julie Payette, s'est sentie soulagée quand elle a vu la navette décoller. «On était contents. Tous les reports ont été exigeants, et on s'est dit "enfin, elle est partie"», a confié la soeur cadette de l'astronaute, jointe par téléphone quelques minutes après le décollage.

La navette Endeavour a eu deux fois des problèmes de fuite avec son réservoir externe d'hydrogène, a été touchée par des éclairs peu avant le lancement prévu vendredi dernier et n'a pu décoller dimanche et lundi à cause des orages.

Maude Payette, qui est comédienne, était en Floride pour les deux premiers essais. En raison de ses obligations, elle s'est résolue à revenir au Canada, laissant ses parents derrière elle.

Entourée des autres membres de sa famille, Maude Payette n'était pas angoissée. «J'ai jasé, j'ai ri, j'étais fière, heureuse, mais je n'ai pas eu peur. Il n'y avait aucun élément négatif dans la salle. On savait que cela arriverait aujourd'hui», a-t-elle dit.

«Ça été très émouvant pour les gens ici», a renchéri Benoît Marcotte, directeur général des opérations à l'Agence spatiale canadienne.

M. Marcotte a également assisté au départ de la navette aux bureaux de l'Agence. Posté près d'un écran géant, il a expliqué le déroulement du décollage aux employés et à leurs invités.

«Nous sommes très heureux pour Julie, et aussi très fiers d'elle», a conclu Benoît Marcotte.

- Avec Agence France-Presse