La fuite d'hydrogène qui a empêché le lancement d'Endeavour et l'envol de Julie Payette vers la Station spatiale internationale n'est pas un problème inhabituel, a dit l'un des collègues de l'astronaute canadienne.

En fait, l'astronaute Chris Hadfield, qui se trouve au Kennedy Space Center, en Floride, pour suivre le déroulement de cette mission qui a été annulée pour une deuxième fois, mercredi matin, en raison d'une nouvelle fuite d'hydrogène, considère ce problème comme typique.

«Il s'agit de la machine la plus complexe à jamais avoir été construite, et je trouve que c'est un peu étonnant et aberrant lorsque tout se déroule tel qu'il avait été prévu», a-t-il affirmé.

De son côté, l'astronaute canadienne Julie Payette a repris la route de Houston après que la NASA eut reporté le lancement d'Endeavour. Les contrôleurs du lancement ont annulé la mission environ trois heures et demie avant l'heure prévue de lancement, soit 5h40.

Le lancement initial de la navette transportant Mme Payette et six autres astronautes vers la Station spatiale internationale, qui devait avoir lieu samedi dernier, avait été retardé pour la même raison.

Selon Mathieu Caron, contrôleur de vol à l'Agence spatiale canadienne à Longueuil, la prochaine tentative de décollage de la navette Endeavour est prévue «pour le 11 juillet, au plus tôt».

En attendant, Mme Payette et ses collègues retourneront à Houston pour y poursuivre leur entraînement.

«Il s'agit d'une mission très complexe, et ils ont besoin du temps à leur disponibilité pour répéter les manoeuvres et s'entraîner afin d'être prêts», a expliqué M. Caron à La Presse Canadienne.

Mardi soir, la NASA avait donné le feu vert au remplissage du réservoir externe de la navette, qui a débuté avec trois heures de retard en raison d'orages. Une fuite dans une valve de contrôle de débit de carburant destinée à maintenir la pression d'hydrogène liquide à l'intérieur du réservoir a ensuite été constatée.

Les responsables de la mission ont précisé que cette fuite était survenue au même endroit que celle de samedi. Les responsables de la mission avaient demandé que des réparations soient effectuées après le report de samedi. Un câble de raccordement et deux joints d'étanchéité ont été remplacés. Des réparations semblables avaient réussi en mars, mais les ingénieurs n'ont jamais trouvé la source du problème.

Cette mystérieuse fuite - qui a touché deux des trois dernières expéditions - a la taille de la pointe d'un stylo à bille.

«Nous allons prendre du recul, trouver la nature du problème et le réparer, a annoncé LeRoy Cain, directeur adjoint du programme de la navette Endeavour. Ensuite, nous nous envolerons aussitôt que ce sera sécuritaire de le faire.»

Une expédition inhabitée vers la Lune - une première en 10 ans à la NASA - est prévue pour vendredi, mais à partir de samedi, la position de la Terre par rapport au Soleil empêchera le lancement d'Endeavour jusqu'au 11 juillet, au plus tôt.

Dans le cadre de la mission STS-127, une plateforme doit être fixée à l'extérieur du laboratoire japonais Kibo, qui fait partie de la station spatiale. Cette plateforme servira à la réalisation d'expériences scientifiques qui seront ainsi exposées aux conditions difficiles de l'espace.

Les astronautes livreront également du matériel essentiel à la station ainsi que de l'équipement d'expérimentation qui sera ultérieurement arrimé à la plateforme laboratoire.

Julie Payette devait rencontrer un autre astronaute canadien, Bob Thirsk, à l'intérieur de la station spatiale, ce qui aurait été une première dans l'histoire. M. Thirsk passera six mois à l'intérieur de la station spatiale.

Dans un message affiché sur le site internet de l'Agence spatiale canadienne, mardi, Mme Payette avait apporté des précisions sur la complexité de cette mission.

«Avec plus d'une dizaine de millions de pièces, cinq ordinateurs de bord et un logiciel de vol unique au monde, la navette est de loin le véhicule de transport le plus complexe et le plus polyvalent qui existe sur Terre», avait-elle écrit.

«Tout doit converger et fonctionner parfaitement pour qu'une mission spatiale réussisse. Encore aujourd'hui, malgré ce que peuvent en dire certains commentateurs blasés et isolés de tout risque, il n'y a rien de banal à s'extirper de la gravité terrestre et à survivre dans l'environnement hostile de l'espace, encore moins lorsqu'il y a des personnes à bord.»

Le report jusqu'en juillet de la mission STS-127 devrait avoir pour effet de retarder quelques autres expéditions de la NASA. L'organisation spatiale américaine doit compléter, d'ici 2010, ses huit dernières missions, toutes des voyages vers la Station spatiale internationale. La Maison-Blanche a demandé le retrait des trois navettes encore actives et que soit complétée la station spatiale d'ici la fin de la prochaine année.