La Nasa a dû reporter mercredi une deuxième fois en quatre jours le lancement de la navette Endeavour à cause d'une fuite potentiellement dangereuse d'hydrogène similaire à celles responsables de deux précédents reports, ce qui constitue un nouveau casse-tête pour l'agence spatiale.

Le lancement a été annulé à 1h55 du matin, heure de Montréal, moins de quatre heures avant l'heure prévue pour le décollage à 5h40 après que les ingénieurs eurent tenté en vain de contenir la fuite.

La prochaine tentative de lancement aura lieu au plus tôt le 11 juillet, a indiqué la Nasa.

«De toute évidence, il y a quelque chose que nous ne comprenons pas», a déclaré lors d'une conférence de presse Leroy Cain, responsable adjoint du programme de la navette.

«Nous allons examiner le problème, trouver sa cause, le régler et nous volerons dès que nous pourrons le faire en sécurité mais cela va prendre un peu de temps», a-t-il poursuivi tout en se disant «confiant que la Nasa résoudra ce problème».

Ce report pourrait potentiellement affecter le calendrier des autres lancements vers la Station spatiale internationale (ISS), a également jugé M. Cain.

Il ne restera que sept vols après celui d'Endeavour avant la mise hors service des trois orbiteurs de la flotte en septembre 2010 quand l'ISS sera totalement finie.

La fuite se trouve apparemment au même endroit que celle qui avait provoqué l'annulation du lancement d'Endeavour samedi 13 juin et le report de la première tentative de tir de Discovery en mars.

Elle s'est produite lors du remplissage du réservoir externe avec près de deux millions de litres d'hydrogène (80%) et d'oxygène liquide à très basse température. Mardi soir le remplissage avait aussi commencé avec trois heures de retard en raison d'un orage violent sur le Centre spatial Kennedy.

En mars, les équipes techniques avaient remplacé avec succès les pièces suspectes dont deux joints d'étanchéité avant de procéder à des tests.

Leroy Cain a confirmé mercredi que les mêmes réparations ont été faites avec Endeavour mais cette fois sans succès.

Le lancement d'Endeavour vers l'ISS avec sept astronautes à bord, dont la Canadienne Julie Payette, pour une mission de 16 jours a pour objectif de livrer et d'installer les derniers éléments du laboratoire japonais Kibo dont les deux modules pressurisés avaient été attachés à l'ISS en 2008.

Les astronautes attacheront notamment une plateforme permanente de 1,9 tonne sur Kibo qui servira de porche où seront effectuées des expérimentations dans le vide de l'espace.

Cinq sorties orbitales d'une durée totale de 32,5 heures sont programmées durant cette future mission.

Endeavour doit aussi emmener un nouveau membre d'équipage pour l'ISS, l'Américain Tim Kopra qui remplacera le Japonais Koichi Wakata. Ce dernier devra attendre au moins un mois de plus avant de revenir sur Terre.

Avec le doublement de trois à six de l'équipage permanent de l'avant-poste orbital, il y aura 13 occupants pendant plus d'une semaine quand les astronautes d'Endeavour y débarqueront.

L'ISS, un projet de cent milliards de dollars auquel participent 16 pays dont la construction a commencé il y a dix ans, ne comptera jamais autant d'astronautes en même temps.

L'annulation des deux tentatives de décollage d'Endeavour a aussi repoussé de deux jours le lancement des deux sondes lunaires LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) et LCROSS (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite) prévue le 17 juin sur une fusée Atlas V depuis la base aérienne de Cap Canaveral.

Ce sera la deuxième mission dans l'espace de Julie Payette. Elle passera 16 jours en orbite et terminera l'assemblage du laboratoire japonais Kibo. Elle côtoira aussi le Canadien Robert Thirsk, qui vient de décoller de Baïkonour à bord d'une capsule Soyouz pour un séjour de six mois sur la station spatiale. Ce sera la première fois que deux Canadiens sont en orbite en même temps.