Mars aurait pu être à la fois froide et humide dans sa jeunesse: des minéraux dissous dans l'eau l'aurait empêchée de geler malgré le froid glacial, selon une étude paraissant jeudi dans la revue scientifique britannique Nature.

Les paysages martiens laissent apparaître des traces témoignant d'écoulements d'eau dans le passé.

Pour expliquer la présence d'eau à l'état liquide, des scientiques avaient attribué à des gaz à effet de serre une éventuelle hausse des températures au dessus de 0°C, rappellent Alberto Fairen (Nasa Ames Research Center, Californie) et ses collègues.

Mais à cette idée d'un passé martien «chaud et humide», l'équipe de M. Fairen oppose la thèse d'une «jeune Mars froide et humide».

«Des minéraux en solution peuvent abaisser le point de fusion de l'eau dans l'environnement gelé de Mars, ce qui offre une solution plausible au paradoxe du climat de Mars dans sa jeunesse», déclarent-ils.

Ils ont modélisé les processus de gel et d'évaporation de liquides sur Mars, en tenant compte de la composition chimique des roches martiennes trouvées sur les sites d'atterrissage des sondes Mars landers, Pathfinder, Viking et Spirit.

«Une part significative des fluides incorporant silicium, fer, soufre, magnésium, calcium, chlore, sodium, potassium et aluminium restent dans un état liquide à une température bien inférieure à 273 kelvin», c'est-à-dire à 0°C, expliquent les chercheurs.

Pour tester leur modèle, ils ont analysé les résidus minéraux résultant de l'évaporation ou du gel des solutions liquides concernées: leurs caractéristiques se sont avérées analogues à ceux identifiés à la surface de Mars.

«Nos résultats sont compatibles avec les données de Mars lander et orbiter et avec les modélisations climatiques et laissent entrevoir une jeune planète Mars froide et humide», concluent-ils.