Deux astronautes de la navette américaine Atlantis ont achevé vendredi les réparations prioritaires destinées à donner une seconde jeunesse au télescope Hubble en remplaçant ses gyroscopes usés, des pièces clefs stabilisant l'engin spatial pendant ses prises de vue.

Mike Massimino et Mike Good, tous deux âgés de 46 ans, sont restés sept heures et 56 minutes dans l'espace, presque une heure et demie de plus que prévu, à quelques 600 km de terre.

Cette sortie orbitale, la deuxième sur les cinq programmées jusqu'à lundi, avait débuté à 08h49.

Comme la veille, des imprévus ont perturbé le travail des deux hommes sur l'engin spatial.

Alors qu'ils installaient les nouveaux gyroscopes, l'une des pièces a refusé de s'aligner correctement, obligeant les astronautes à improviser et à dépasser le temps prévu pour l'accomplissement de cette tâche.

«On a l'impression que ça a déjà été aligné une ou deux fois, mais que ça ne veut pas rentrer», a expliqué M. Good à la mission de contrôle de la Nasa, basée à Houston (Texas, sud des Etats-Unis).

«Je sais que c'est pénible, mais continuez comme ça, vous faites du bon travail», a répondu calmement un responsable de la mission, Dan Burbank.

Le remplacement d'un autre gyroscope s'est mieux passé. «Beau boulot», a commenté Houston. Des mots qui ont dû faire plaisir aux astronautes, harassés par la tâche: «J'avais parfois l'impression de lutter avec un ours...», a dit M. Massimino.

Leurs efforts n'auront pas été vains: l'installation de ces gyroscopes, ainsi que celles d'une nouvelle caméra et d'un nouvel ordinateur effectuées jeudi, constituaient les trois tâches prioritaires de la mission d'Atlantis.

Après plus de sept ans sans intervention humaine sur Hubble, seulement trois des six gyroscopes étaient encore en état. Ces turbines sont des éléments essentiels du système de pointage du télescope: elles permettent de maintenir Hubble stable pendant les prises de vue.

MM. Massimino et Good ont ensuite donné un coup de jeune au système d'alimentation électrique solaire du télescope, dont l'état trahit, comme les gyroscopes, son grand âge.

Hubble dépend de six batteries rechargeables, qui lui fournissent de l'électricité quand il est sans lumière. Avec le temps, les batteries ont perdu de leur capacité à se recharger. Les astronautes ont remplacé trois batteries et les trois dernières le seront lors de la sortie de lundi.

La troisième sortie orbitale est prévue samedi et concernera l'installation d'un nouvel appareil, le «Cosmic Origins Spectrograph». Ce spectrographe, un outil mesurant les variations de la lumière, a été conçu pour étudier la structure de l'univers et comprendre comment les galaxies se sont formées.

Après 19 ans de carrière pendant lesquels il a transmis plus de 750 000 images spectaculaires des confins du cosmos et des millions de données, le télescope Hubble, en orbite depuis le 25 avril 1990 à 600 km de la Terre, montre de sérieux signes de fatigue.

Les responsables de la mission d'Atlantis, qui doit durer onze jours, espèrent que toutes ces attentions prolongeront de cinq ans l'existence de Hubble jusqu'à l'arrivée de son successeur, le télescope James Webb.

Lancée lundi, la navette s'était arrimée mercredi à Hubble, fruit d'une collaboration entre la Nasa et l'Agence spatiale européenne (ESA) et qui a bouleversé l'astronomie mondiale.