Des conflits entre agences spatiales sur le partage de la nourriture et des toilettes dans la Station spatiale internationale ont compliqué le travail des occupants du complexe orbital et affecté leur moral, selon le journal russe Novaya Gazeta publié lundi, qui cite un cosmonaute russe.

Dans un entretien au journal, Guennadi Padalka explique que les autorités spatiales russes, américaines et d'autres pays imposent à leurs cosmonautes et astronautes de manger la nourriture qui leur est réservée et de suivre des règles strictes pour accéder à des équipements de la station, comme les toilettes.

Des pratiques qui ont «un effet nuisible sur notre travail», affirme Padalka, dans l'interview qu'il a accordée avant de décoller jeudi dernier à bord d'un Soyouz en direction de la station. Le vaisseau russe, qui transportait également deux autres membres d'équipage, dont le «touriste de l'espace» américain Charles Simonyi, a rejoint l'ISS samedi.

Selon Padalka, qui sera le prochain commandant de l'ISS, les bisbilles ont débuté en 2003 lorsque la Russie a commencé à faire payer d'autres agences spatiales pour les ressources utilisées par leurs astronautes. Des partenaires de l'agence russe ont alors riposté en prenant des mesures restrictives.

«Les cosmonautes sont au-dessus de ces querelles, quelle que soit la décision des autorités», précise Padalka, qui rejette la responsabilité de cette situation sur les «hommes politiques et bureaucrates qui n'arrivent pas à trouver un accord».

Il précise avoir demandé avant sa mission actuelle s'il pouvait utiliser l'appareil d'exercice physique américain de l'ISS pour garder la forme. «On m'a dit: «Oui, vous pouvez.» Puis on m'a dit non», a-t-il déclaré au journal.

Alors que le fait de partager la nourriture contribuait auparavant à forger l'esprit d'équipe de l'équipage de l'ISS, les nouvelles règles obligent les cosmonautes russes et les astronautes américains et d'autres nationalités à manger la nourriture préparée par leur propre agence spatiale à leur intention, explique Padalka. «On nous recommande également d'utiliser seulement les toilettes nationales.»

Le cosmonaute critique également la partie russe de la station, qui est selon lui vieillotte par rapport aux autres segments du complexe orbital. «Elle est construite avec des technologies remontant, au mieux, au milieu des années 1980», a-t-il déclaré au Novaya Gazeta. «Nous avons sept à 30 ans de retard dans diverses technologies spatiales.»