La collision cette semaine entre deux gros satellites -une première dans l'espace- a créé des nuages de débris qui se déplacent très rapidement et menacent d'autres engins spatiaux situés sur des orbites proches, ont annoncé jeudi des experts et des responsables russes.

Le crash a eu lieu à 800km au-dessus de la Sibérie mardi entre un satellite russe destiné aux communications militaires et un satellite Iridium américain utilisé par des clients commerciaux mais aussi par le département de la Défense. Il s'agissait de la première collision à une très grande vitesse entre deux engins spatiaux intacts, selon la NASA.

L'impact a éparpillé des fragments de satellites dans différentes orbites se trouvant entre 500 et 1300 kilomètres de la Terre, a précisé le responsable des Forces spatiales militaires de Russie, le général Alexandre Iakoutchine. Le satellite Iridium pesait 560 kilos et le Kosmos-2251 presque une tonne. Lancé en 1993, ce dernier est tombé en panne en 1995, a-t-il précisé.

Dans un communiqué publié jeudi, la société Iridium a nié la responsabilité de l'accident.

Igor Lisov, un expert russe de l'espace, a affirmé jeudi qu'il ne comprenait pas pourquoi les experts de la NASA et d'Iridium n'avait pas réussi à éviter cette collision: le satellite américain étant toujours actif, sa trajectoire pouvait être modifiée.

«Cela pourrait être un problème informatique ou une erreur humaine», a-t-il supposé. «Cela pourrait aussi être dû au fait qu'ils prêtent attention seulement aux petits débris, et pas aux satellites défunts.»

Igor Lisov a souligné que les débris pouvaient menacer un grand nombre de satellites situés dans des orbites proches, mais aussi une série de vieux engins spatiaux à propulsion nucléaire datant de l'ère soviétique, dans des orbites plus éloignées.

Si une collision se produit avec l'un de ces satellites délabrés, l'émission radioactive ne menacerait pas la Terre, a-t-il assuré, mais les décombres en accélération pourraient démultiplier les risques pour les autres satellites.

La Nasa a expliqué qu'il faudrait des semaines pour mesurer l'ampleur de la collision, mais elle a affirmé, comme l'Agence spatiale fédérale russe, qu'il y avait peu de risques pour la station spatiale internationale et ses trois membres d'équipage.

«Il n'y a pas de danger immédiat, mais nous allons suivre avec attention la situation», a déclaré à l'AP le porte-parole du centre de contrôle de mission russe, Valéri Lyndine, soulignant que l'orbite de l'ISS avait été ajustée par le passé pour éviter les débris encombrant l'espace.

Cet accident spatial ne constitue pas non plus une menace pour la navette spatiale qui doit être lancée le 22 février avec sept astronautes à bord, ont affirmé les autorités américaines.

Le Réseau de surveillance de l'espace américain et les Forces spatiales russes suivent avec attention la trajectoire des débris, qui se déplacent, semble-t-il, à la vitesse d'environ 200 mètres par seconde.

Au début de l'année 2009, environ 17 000 déchets générés par l'homme tournaient en orbite autour de la Terre, selon une estimation de la Nasa.

Les satellites Iridium sont très particuliers parce que leur orbite est basse et qu'ils sont très rapides. La plupart des satellites de communications tournent à des distances beaucoup plus éloignées de la Terre et sont distants l'un de l'autre, ce qui explique la rareté des collisions.