Le financement de la Station spatiale internationale (ISS) était mardi au coeur des débats de la conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne (ESA), l'Allemagne lui accordant une importance plus grande que la France qui met l'accent sur les lanceurs.

Les 18 États membres de l'ESA, réunis mardi et mercredi à La Haye, doivent aussi engager des moyens pour surveiller le changement climatique ou les débris spatiaux, mettre en place un système satellitaire de relais de données pour les télécommunications, ou encore pour l'exploration.

L'ensemble des programmes spatiaux proposés par l'ESA s'élève à quelque 10,4 milliards d'euros, mais son directeur général Jean-Jacques Dordain sera satisfait s'il obtient des Etats 9,3 milliards, a indiqué le port-parole de l'agence spatiale, Franco Bonacina.

Un tel budget, s'il est validé, représenterait une augmentation de l'ordre de 15% par rapport aux engagements pris en 2005.

Mais les priorités ne sont pas les mêmes pour tous.

«Après tous les travaux de développement qui ont été réalisés, avec notamment l'arrimage cette année à l'ISS du laboratoire européen Columbus, c'est un devoir de solidarité de financer un programme de fonctionnement», a déclaré à l'AFP le chef de l'Agence spatiale allemande (Deutsches Zentrum für Luft-und Raumfahrt) Johann-Dietrich Wörner.

«Mais nous voyons qu'en particulier la France et l'Italie ne sont pas sur la même position et envisagent ce budget de fonctionnement à un niveau inférieur. C'est pourquoi nous essayons encore de faire bouger les choses sur ce point», a-t-il ajouté.

Concrètement, l'Allemagne voudrait que les membres de l'ESA s'engagent sur 350 millions d'euros par an pour l'exploitation de l'ISS, au lieu de 275 millions par an prévus jusqu'ici, a indiqué M. Wörner.

Ce financement est nécessaire pour assurer la fabrication et le lancement des quatre vaisseaux ravitailleurs ATV que l'Europe s'est engagée à fournir à l'ISS, a souligné le responsable allemand.

Alors que le financement de l'ISS n'est pas garanti au-delà de 2015, «nous espérons et nous oeuvrons pour qu'elle puisse être utilisée plus longtemps, au moins jusqu'en 2020», a déclaré Franco Bonacina, porte-parole de l'ESA.

Le développement d'un ravitailleur ATV qui pourrait ramener du frêt sur Terre, au lieu de se désintégrer comme actuellement lors de son retour dans l'atmosphère, ne devrait pour sa part être décidé qu'en 2011. Ultérieurement, le vaisseau cargo pourrait être adapté pour transporter des spationautes.

La France met de son côté l'accent sur la modernisation du lanceur Ariane 5, dont le deuxième étage doit être doté d'un nouveau moteur cryogénique, baptisé Vinci, permettant de faire passer de 10 à 12 tonnes la masse des satellites que le lanceur peut placer en orbite géostationnaire.

«Ce lanceur est le fleuron de l'industrie européenne», a déclaré la ministre française de la Recherche Valérie Pécresse au quotidien économique La Tribune de samedi.

«Nous allons préparer la nouvelle génération de lanceurs, qui pourra au-delà de 2015 emporter des satellites plus gros avec une capacité de douze tonnes et non plus de neuf tonnes», a-t-elle ajouté.

Le président exécutif du groupe EADS Astrium, François Auque, a jugé sur la radio BFM que ce programme n'était pas assez ambitieux, la Chine prévoyant de lancer des satellites de 15 tonnes.

Enfin, si Mme Pécresse assure que «la France entend bien rester le principal contributeur de l'ESA», l'Allemagne la dépasserait d'une courte tête pour la deuxième fois en termes de financements de nouveaux programmes, avec près de 30% du total, indique-t-on dans la délégation allemande à La Haye.