Chez certains oiseaux, la manière de courtiser les femelles est inscrite dans un «supergène». Pour le Combattant varié, un petit échassier qui compte trois sortes de mâles, inutile de se creuser la tête: tout est écrit d'avance, relèvent des chercheurs.

Deux études publiées en ligne dans la revue britannique Nature Genetics éclairent l'étonnant comportement au moment de la reproduction de cet oiseau migrateur, dont le nom savant est Philomachus pugnax.

«Les Combattants variés sont fascinants parce qu'il existe trois sortes de mâles, qui présentent des différences marquantes, sur le plan de leur comportement, de leur plumage et aussi de leur taille», explique à l'AFP Leif Anderson, de l'Université d'Uppsala (Suède), auteur principal de l'une des études.

Le mâle dit «Indépendant» peut se prévaloir d'une collerette de plumes colorées et de touffes sur la tête. Très majoritaire, il occupe un territoire et se pavane pour séduire les femelles dans des sortes d'«arènes» où il se confronte aux autres mâles «Indépendants».

Le mâle «Satellite», un peu plus petit, n'est pas mal non plus, avec sa collerette et ses touffes blanches. Mais il n'a pas de territoire. Il s'en tire en chipant des partenaires lorsque les mâles Indépendants sont occupés à parader ou à combattre.

Le troisième mâle, baptisé «Faeder», est un travesti : de petite taille et en petit nombre, il arbore un pelage terne qui ressemble à celui des femelles. Cela lui permet de ne pas se faire remarquer par les mâles de type Indépendant. Il en profite pour se glisser parmi les femelles et se reproduire avec elles.

Ces stratégies de reproduction très distinctes sont codées par un «supergène», une section de chromosome contenant un bloc d'environ cent gènes, ont découvert les chercheurs qui ont séquencé le génome de cet oiseau.

Le mâle Indépendant est la forme ancestrale de cet oiseau. Il s'est ensuite produit un «réarrangement chromosomique «il y a environ 4 millions d'années», qui a conduit à l'émergence du mâle satellite et du mâle Faeder, déclare Leif Andersson.

Le «supergène» ne signifie pas qu'il possède un «super pouvoir», tient à préciser le chercheur.

Mais le «supergène» permet à toute une série de gènes qui se trouvent les uns à côté des autres sur un chromosome d'évoluer ensemble et de créer des comportements distincts, explique Terry Burke, de l'Université de Sheffield (Royaume-Uni) qui a mené l'une des études.

Dans le cas du Combattant varié, cette section de chromosome, avec son bloc de gènes, détermine des caractéristiques comme les hormones, le plumage, la couleur et la taille, ajoute-t-il.

«C'est un merveilleux exemple de la façon dont la biodiversité évolue», estime Leif Andersson.

«Se battre pour contrôler un territoire et des femelles demande beaucoup d'énergie et peut se révéler risqué». «Cela a créé une opportunité pour que se développent des stratégies alternatives permettant à des mâles de dépenser moins d'énergie à se battre», souligne-t-il.